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Portrait d'entraîneur : Dan Lewis

« Votre cheminement doit être axé sur les athlètes et non sur vous-même. »

D'abord comme joueur de l'équipe nationale puis comme entraîneur au sein du programme national, Dan Lewis a passé sa vie sur les courts. L'entraîneur adjoint de l'équipe nationale masculine a longtemps fait partie comme joueur de la formation qu'il aide maintenant à diriger, notamment quand le Canada a décroché le bronze au Championnat de la NORCECA en 2001 et 2011 ainsi qu'aux Jeux panaméricains en 2015. Il a aussi fait partie de l'équipe nationale canadienne sur plage en 1999 aux Jeux panaméricains, terminant alors en septième place.

Il a amorcé sa longue carrière à l'Université du Manitoba, alors qu'il a remporté le championnat de l'USIC (maintenant U SPORTS) en 1996 en plus d'être nommé joueur le plus utile à son équipe du Championnat et recrue de l'année. Outre son parcours de 15 ans avec l'équipe nationale, il a joué dans les rangs professionnels en France, en Pologne et en Slovénie. Il a aidé ses équipes à décrocher deux Coupes de Pologne, deux championnats de Pologne, puis quatre Coupes et cinq titres du championnat de la Slovénie.

Après avoir porté les couleurs d'Équipe Canada à l'occasion des qualifications pour les Jeux olympiques de Rio 2016, Lewis n'a pas fait partie de la formation au tournoi olympique. Il est plutôt passé à un rôle au sein du personnel d'entraîneurs. Il est présentement entraîneur-chef au programme national d'excellence et entraîneur adjoint avec l'équipe senior masculin. 

Volleyball Canada s'est récemment entretenu avec Lewis à propos de sa carrière et de sa vision de la profession d'entraîneur dans le contexte de notre sport.

Volleyball Canada : Comment s'est fait le passage vers le rôle d'entraîneur? Est-ce quelque chose que vous aviez toujours envisagé?

Dan Lewis : Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai eu l'occasion de diriger de plus jeunes athlètes. J'ai toujours ressenti la volonté et la motivation de redonner à la communauté du volleyball. Vers la fin de ma carrière, j'étais passé du côté gauche au poste de libéro; il fallait donc que je sois en mesure de bien communiquer, de bien organiser le jeu et de bien soutenir mes coéquipiers. J'avais développé de bonnes habiletés pour jouer ce rôle et au moment où j'étais prêt à envisager la retraite, une occasion de travailler comme adjoint au sein du programme national s'est présentée. Je savais quand j'étais joueur que j'allais un jour être entraîneur au volleyball d'une manière ou d'une autre, c'est juste que je n'étais pas certain à 100 % que ce serait dans un cadre professionnel.

VC : Qui vous a soutenu durant votre parcours? Avez-vous des mentors?

D. L. : Apprendre le volleyball est un long processus. Plus tard dans ma carrière professionnelle, j'ai eu plusieurs entraîneurs formidables qui étaient disposés à me partager leur approche, leurs principes et leurs théories. Les entraîneurs universitaires m'ont aussi donné l'occasion d'en apprendre davantage sur le jeu tel qu'il est pratiqué à l'échelle internationale. Quand ma carrière de joueur s'est terminée et quand j'ai commencé à travailler comme entraîneur, je me suis retrouvé sous les ordres d'excellents leaders comme Glenn Hoag, Larry McKay et Stéphane Antiga. J'ai par ailleurs été en mesure de suivre un parcours d'entraîneur plus officiel qui a récemment été créé par Volleyball Canada et qui permettait d'avoir l'encadrement professionnel d'un formateur d'entraîneurs, ce qui m'a permis de travailler étroitement avec lui au cours les trois premières années de mon développement.

VC : Quel a été le plus grand obstacle que vous ayez dû surmonter pendant votre carrière d'entraîneur et comment y êtes-vous arrivé?

D. L. : Le plus grand obstacle pour moi, c'était probablement la réalité financière qui accompagne le fait de passer du rôle de joueur à entraîneur à un âge aussi avancé. Ça fait partie du raisonnement qu'avait Volleyball Canada quand est venu le moment de créer un autre type de parcours pour les entraîneurs. Sans cette nouvelle avenue, il m’aurait été difficile financièrement de consacrer tout le temps et tous les efforts qu'il était nécessaire d'investir dans le passage d'un rôle à l'autre.  

VC : Croyez-vous que votre longue carrière de joueur s'est avérée une bonne préparation pour la profession d'entraîneur? Si c'est le cas, de quelle façon cela vous a-t-il aidé?

D. L. : Évidemment, au fil d'une longue carrière, il y a pas mal de connaissances que nous accumulons sans vraiment nous en apercevoir, techniquement et tactiquement. Pour que ça se transfère de façon efficace dans son travail d'entraîneur, il faut y réfléchir un peu, organiser ça et pouvoir transmettre ces connaissances de manière efficace. Quand tu joues aussi longtemps, tu développes aussi des compétences relationnelles, et c'est là un aspect qui m'a aidé à bien communiquer, une qualité que tu dois avoir quand tu es entraîneur.

VC : Quel a été votre moment le plus mémorable en tant que joueur?

D. L. : C'est une question très large – c'est très difficile de choisir un moment en particulier parce que ma carrière a commencé dans les clubs quand j'avais 15 et elle s'est poursuivie jusqu'à l’âge de 40 ans, quand nous nous sommes qualifiés pour les Jeux olympiques. Je n'arrive donc pas à en choisir un. Par contre, je n'oublierai jamais d'avoir joué dans la baie de Shediac, au Nouveau-Brunswick, dans le cadre de la tournée de volleyball sur plage Labatt Bleue en 1998 quand, pendant une pause publicitaire pour la télé, un homme inconnu dans la foule s'est mis à chanter a cappella
« Unchained Melody », la chanson des Righteous Brothers, a cappella.  

VC: En quoi le travail d'entraîneur est-il différent du rôle de joueur, selon vous?

D. L. : C'est surtout au niveau de la planification que tu dois faire. Planifier et mettre en place un programme bien réfléchi pour l'entraînement et la compétition, ça demande beaucoup plus de temps en dehors du court que dans le cas d'un joueur. Je me souviens d'un excellent commentaire de la part d'un entraîneur recrue à l'échelle internationale qui, pendant la Coupe du monde, a dit, 'si c'était ça la réalité d'être entraîneur au volleyball, personne ne le ferait.' Les exigences de la compétition au niveau international pour un entraîneur sont énormes. 

VC : Quel aspect de votre carrière d'entraîneur jusqu'ici vous rend le plus fier?

D. L. : Je suis content de la façon dont j'arrive à individualiser les besoins des athlètes au sein de la dynamique d'équipe en termes d'entraînement et de compétition. S'adapter aux besoins de chacun des groupes d'athlètes est crucial et c'est ce qui a le plus d'effet sur le développement et la performance. Ce qui m'encourage aussi, ce sont les réactions que j'ai eues dans le cadre des programmes nationaux d'excellence actuels.

VC : Quel est votre objectif ultime en tant qu'entraîneur? 

D. L. : En fin de compte, j'aimerais être l'entraîneur-chef ou l'entraîneur adjoint d'une équipe nationale et la mener à la conquête d'une médaille aux Jeux olympiques, tout en étant en même temps un bon père et un bon mari. 

VC : Vous avez été témoin de l'ascension de l'équipe nationale masculine, qui est maintenant une aspirante la plupart du temps aux Jeux olympiques. En tant que joueur puis comme entraîneur, qu'avez-vous remarqué de particulier dans l'ascension de l'équipe?

D. L. : J'ai vu que ça prend vraiment beaucoup de temps pour devenir meilleur à l'échelle internationale chez les hommes. Il a fallu attendre quatre ans avant de pouvoir aller chercher une grande victoire surprise aux Championnats du monde de 2010 contre la Serbie. Chaque année après ça, nous avons continué de travailler dans la même optique et nous avons signé environ une grande victoire surprise par année, notamment  contre le Brésil, la Russie, les États-Unis dans des compétitions importantes.

VC : Quels sont les éléments qui ont rendu cette ascension possible? 

D. L. : Volleyball Canada a amassé des fonds pour que nous puissions retourner dans la Ligue mondiale (prédécesseure de Ligue des nations de volleyball) tandis que Glenn Hoag a repris les rênes en 2006 et il a relancé le centre d'entraînement à temps plein, ce qui a aidé à réduire un écart grandissant au niveau des habiletés qui s'était manifesté entre nous en tant que nation et les autres pays à l'échelle internationale. Au fur et à mesure que l'équipe nationale s'améliorait, cela a permis à nos joueurs d'obtenir de plus belles occasions dans les clubs professionnels, ce qui a accéléré la progression de l'équipe.

VC : Avez-vous des conseils à offrir aux nouveaux entraîneurs?

D. L. : Votre cheminement doit être axé sur les athlètes et non sur vous-même. J'avais entendu un de mes mentors dire ça auparavant et je suis vraiment d'accord que c'est la meilleure façon d'avoir du succès à long terme. Je dirais que bien des entraîneurs vont enseigner de différentes façons, et c'est important d'amener les athlètes à comprendre les principes techniques qui sont communs à tous, au-delà des différences individuelles. Je dirais aussi que c'est important d'investir le temps qu'il faut pour étudier les vidéos des matchs, mais aussi des entraînements.

VC : Quel conseil, quelle manifestation de soutien ou formation auriez-vous aimé avoir à vos débuts?

D. L. : Comme entraîneur, j'ai eu droit à de l'excellent mentorat pendant ma phase de transition. Par contre, j'aurais eu besoin d'avoir plus de mentorat quand j'étais un jeune joueur. J'aurais eu besoin de savoir que tu n'as pas besoin d'avoir toutes les réponses, que j'aurais dû juste observer et réfléchir davantage, et aussi écouter et me fermer la bouche un peu plus souvent. Au plan de la formation, j'aurais souhaité avoir eu un peu plus de vécu comme jeune athlète en compétition internationale et savoir ce que ça exige, et en avoir appris davantage sur la musculation et le conditionnement physique. Je pense que ça m'aurait aidé à être plus équilibré physiquement et à prévenir plusieurs des blessures que j'ai subies.