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Profil d’entraîneure : Christine Biggs

Les « Profils d'entraîneur » de Volleyball Canada sont fièrement présentés par par Mizuno, supporteur de nos équipes nationales et programmes d'entraîneurs.

En un court laps de temps, le curriculum vitae de Christine Biggs en tant qu'entraîneure a explosé.

Née à Edmonton, en Alberta, elle est devenue entraîneure adjointe chez les Pandas de l'Université de l'Alberta en 2015, la même année où on l'a embauchée comme adjointe avec l'équipe nationale féminine de volleyball assis de Volleyball Canada – tout cela en plus de ses postes d'entraîneure au niveau provincial ainsi que dans un club.

En 2018, Biggs a rejoint les rangs des Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick en tant qu'entraîneure-chef de l'équipe féminine. La formation venait d'afficher un bilan de 0-20 en 2017-2018 et après ce nouveau souffle au poste d'entraîneure, les joueuses se sont améliorées au point de présenter une fiche de 12-7 et d’accéder à la finale du Sport universitaire de l'Atlantique. Le bon travail de Biggs lui a valu d'être nommée entraîneure de l'année dans le SUA, bien qu'elle sera la première à dire qu'il s'agissait d'un effort collectif. L'entraîneure est passée depuis chez les Dinos de l'Université de Calgary, qu'elle devrait normalement commencer à piloter sur les courts à compter de l'automne 2021.

Toujours en poste avec l'équipe féminine de volleyball assis, Biggs fait partie d'un personnel entièrement féminin qui a aidé l'équipe à se qualifier pour les Jeux paralympiques de 2016 et de 2020 (qui seront disputés en 2021). 

Volleyball Canadaa récemment eu l'occasion de s'entretenir avec Biggs à propos de sa carrière d'entraîneure et de ce qu'elle pense de la profession d'entraîneure dans le contexte de son sport.

Volleyball Canada : Comment as-tu fait le passage à la profession d'entraîneure?

Christine Biggs : J'étais gymnaste quand j'étais plus jeune et notre club de gymnastique avait un très bon système de mentorat et de développement. J'ai eu un poste d'entraîneure à temps partiel avec le club quand j'étais en septième année. Je n'ai commencé le volleyball que plus tard, alors je n'ai commencé à penser à la profession d'entraîneure qu'au moment d'arriver au niveau collégial, quand mon entraîneur du Collège de Red Deer, Talbot Walton, m'a encouragé à rejoindre les rangs du personnel d'entraîneurs du Queens Club. Ça me semblait comme une idée de rêve, mais ça ne me semblait pas une option viable à l'époque. Quand j'ai commencé à jouer pour Laurie Eisler à l'Université de l’Alberta, puis quand je suis devenue entraîneure avec le club de volleyball des Pandas qui venait d'être mis sur pied, j'ai commencé à être vraiment inspirée par l'idée d'offrir des occasions de leadership aux femmes et c'est devenu un scénario envisageable plutôt qu'un simple rêve. Après plusieurs années à travailler comme enseignante à l'école secondaire et à être entraîneure en dehors des heures de cours, j'ai décidé de commencer à faire des démarches sérieuses dans cette optique. 

VC : Qui t'a soutenue dans ton parcours? As-tu des mentors?

C. B. : Il y a tellement de personnes qui m'ont soutenue, trop pour que je puisse toutes les nommer. Tout d'abord, mes parents ont été formidables! ... Pendant que je complétais ma maîtrise d’entraîneur à l’Université de l’Alberta, Laurie Eisler est officiellement devenue ma mentore, mais elle me soutenait, elle répondait à mes questions et elle m’offrait de possibilités de perfectionnement depuis quelques années déjà. Elle continue d'être un modèle et une mentore remarquable, une personne avec qui je peux réfléchir à voix haute et je suis tellement reconnaissante qu'elle soit dans ma vie. Des écoles publiques d'Edmonton, Corrie Yusypchuk qui m'a offert un 'mentorat officieux' dans mes rôles d'entraîneure, de nouvelle enseignante et de leader. J'ai tellement appris en la regardant diriger en communiquant de façon aussi forte, efficace et avec compassion, elle ne sait probablement pas à quel point elle a eu une influence sur moi et à quel point elle m'a encouragée. 

J'ai aussi eu la chance d'apprendre de Pierre Baudin, biomécanicien et entraîneur, autant comme athlète qu'entraîneur. Plus récemment, Kim Colpitts (une de mes entraîneures adjointes à l'UNB), a eu une influence énorme sur mon développement en plus de m'amener à remettre en question de façon saine ma façon de penser. Enfin, il y a les rapports et les discussions que je continue d'avoir avec Nicole Ban et les membres du personnel de l'équipe de volleyball assis, qui mettent toujours de l'avant des approches novatrices en termes d'entraînement et d'apprentissage, alors je suis reconnaissante d'avoir dans mon entourage le personnel au grand complet, celui qui est là présentement et celui qui était là avant. C'est là un petit échantillon tout au moins ! 

VC : Quel a été le plus grand obstacle que tu aies eu à surmonter durant ta carrière d'entraîneure et comment as-tu fait pour en venir à bout? 

C. B. : Honnêtement, le plus grand obstacle pour moi a été de croire que c'était possible. Il y a si peu de postes d'entraîneure-chef au volleyball féminin dans le réseau USPORTS, je ne connais pas beaucoup de professions où les ouvertures sont si rares. 

Évidemment, j'avais le sentiment que c'était tout un saut dans le vide quand j'ai pris congé (et éventuellement remis ma démission) de mon poste d'enseignante avec la commission scolaire pour aller faire une maîtrise à l'Université de l’Alberta en plus d'essayer d'obtenir un de ces rares postes. En fin de compte, j'ai dû vraiment travailler sur moi pour croire que mes forces pourraient représenter un atout attrayant pour quelqu'un d'autre, et que réaliser mon rêve de devenir entraîneure ne se limitait pas à mes propres besoins de me réaliser. Il a fallu toute une évolution (et j'y travaille encore) pour accepter d'avoir cette perspective des choses où j'ai l'impression d'en savoir si peu et pourtant, j'ai beaucoup de choses à offrir aux autres. Tous les jours, je me sens reconnaissante d'être ici et la confiance est une chose qui ne m'est jamais venue facilement, mais je pense que ça m'a aidée en tant qu'apprenante et enseignante. J'imagine que j'espère tout simplement que ma vulnérabilité fasse en sorte que ça devienne plus facile pour les autres d'être authentiques dans le cadre des expériences qu'elles vivent pour que nous puissions être plus efficaces tout en cherchant à évoluer. 

VC : Tu es entraîneure adjointe avec l'équipe nationale féminine de volleyball assis. Comment vis-tu cette expérience au sein du programme national?

C. B. : Travailler avec l'équipe de volleyball assis a été, et ça continue de l'être, une expérience phénoménale à vivre. Le personnel qui était là quand je suis arrivée (Nicole Ban, Ian Halliday, Kerry MacDonald) sont des grands cerveaux du volleyball, ils ont beaucoup d'imagination et j'ai vraiment aimé les idées qu'ils mettaient de l'avant, ainsi que les saines discussions que nous avons eues, enrichies par le fait que chacun venait d'un milieu différent et avait un bagage d'expérience différent. Maintenant, à mesure que le personnel évolue, je continue de constater que le programme est non seulement un milieu d'apprentissage pour les athlètes, mais aussi pour les entraîneurs et les membres du personnel. 

VC : Quelle est ta vision de l'avenir du volleyball assis au Canada et quelle incidence a la qualification de l'équipe féminine aux Jeux paralympiques à cet égard, selon toi?

C. B. : Participer aux derniers Jeux paralympiques à Rio a représenté un sommet inspirant et m'a permis de réaliser à quel point le sport a une incidence importante à l’échelle mondiale. Le sport est une plateforme naturelle où les êtres humains peuvent sincèrement souhaiter le succès d'une personne qui leur est tout à fait étrangère. Entrer dans le stade Maracana pour la cérémonie d'ouverture a été un événement transformateur dans ma vie et, je crois, transformateur aussi pour le programme de volleyball assis féminin au Canada. Ce fut une expérience qui a amené les athlètes et le personnel à ressentir le besoin d'en vivre davantage, pour elles et les unes pour les autres. Les changements et les choix qui ont été faits depuis ce temps ont mené aux améliorations qui étaient nécessaires pour se qualifier pour Tokyo, dans une zone où le niveau de compétition est follement élevé avec les États-Unis et le Brésil. Bien qu'il y ait eu très peu de changements dans la formation, l'équipe a une allure très différente en raison de l'engagement affiché par les athlètes, de la mise en place de systèmes novateurs et avancés, ainsi que de la présence d'un soutien à la programmation qui est de plus en plus amélioré. 

Je ne sais pas trop comment l'expliquer autrement qu'en disant que la mentalité d'ensemble du programme donne l'impression que nous sommes une grosse éponge qui absorbe les apprentissages. C'est un milieu sain auquel on peut contribuer tout en évoluant, ce qui profite à tout le monde. J'ai espoir que pendant que nous serons à Tokyo, les Canadiens à la maison prendront un moment pour nous regarder jouer, question de voir de quoi a l'air notre sport et d'encourager notre équipe. Pour ceux et celles qui n'ont jamais vu de match, le rythme est follement rapide et requiert une très bonne maîtrise en termes d'habiletés et de précision. 

VC : L'équipe nationale féminine compte par ailleurs un personnel d'entraîneures entièrement composé de femmes. À quel point est-ce important, tu penses?

C. B. : Notre ÉSI (équipe de soutien) regroupe seulement des femmes elle aussi! C'est un groupe avec lequel il est formidable de travailler. Quand Nicole et moi sommes allées à nos premiers événements internationaux, c'est vite devenu évident à quel point il y a peu de femmes qui occupent des postes d'entraîneure-chef et d'entraîneure adjointe dans notre sport, nous étions une des quelques femmes dans la salle à l'occasion des réunions techniques. J'adore ça quand je vois comment Nicole est devenue une des leaders de notre sport à l'échelle internationale en faisant des choses pour transformer le sport et la façon dont il se joue. Le personnel au grand complet est inspirant, il est composé de leaders instruits et pleins de compassion, je suis chanceuse de pouvoir en faire partie.  

VC : En 2018, tu as accepté le poste d'entraîneure-chef chez les Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick et tu as guidé l'équipe vers une fiche de 12-7 après qu'elle eut présenté un bilan de 0-20 l'année d'avant, et tu as été proclamée entraîneure de l'année du SUA. Comment as-tu fait pour connaître autant de succès aussi rapidement?

C. B. : Ce n'est pas moi, c'est nous! Il y a eu tellement de gens et d'éléments qui ont contribué à cette ascension la première année. Je dois donner le crédit au solide recrutement qui a été fait par l'entraîneur précédent ainsi qu'AD à l'UNB, ainsi qu'à l'éthique de travail et à la volonté d'évoluer des athlètes-étudiantes. Leur désir d'apprendre et leur engagement à respecter le processus ont été tellement inspirants. Nous avons aussi eu droit à l'excellent soutien de notre équipe qui travaille en dehors du court. Plusieurs membres de la communauté, des anciennes et des bénévoles dans le rôle d'entraîneure adjointe qui ont consacré du temps et des ressources, le personnel de musculation et conditionnement physique et les étudiantes en stage qui ont embarqué à fond et ont été une partie importante de l'équipe, et l'équipe de thérapie sportive qui a gardé nos athlètes-étudiantes en santé. Je me considère très chanceuse d'avoir fait partie d'un groupe qui tenait tellement à faire de son mieux quotidiennement, et je pense que nous avons toutes été récompensées pour ça. 

VC : Maintenant, tu es passée à l'Université de Calgary dans le rôle d'entraîneure-chef et ce, depuis le mois de janvier. Comment se passe l'adaptation à ce poste dans le contexte d'une saison qui a été annulée?

C. B. : L'adaptation n'est pas encore terminée! C'est assurément un moment bizarre pour rejoindre les rangs d'un nouveau programme, au milieu d'une saison qui n'a finalement pas eu lieu, durant une pandémie qui continue de nous lancer de balles courbes quotidiennement. Je suis reconnaissante pour la patience dont les athlètes-étudiantes font preuve et pour le milieu accueillant qui a été mis en place par le personnel de la section des sports des Dinos de l'Université de Calgary ainsi que par mes collègues entraîneurs des Dinos et ceux de l'association Canada West qui m'ont offert leur aide pendant la phase de transition. Je trouve que c'est tout un défi de soutenir les athlètes-étudiantes pendant des moments difficiles puisque je ne fais que commencer à tisser des liens d'entraîneure à athlète avec elles. Pour être bien honnêtes, nous, les entraîneurs, ne sommes pas à l'abri non plus du stress relié à toute cette incertitude et ce chamboulement dans nos vies. Je peux dire que je suis grandement inspirée par la résilience que nos athlètes-étudiantes ont affichée malgré les défis qu'elles ont dû affronter depuis plus d'un an. Je sais déjà que ce sont des femmes fortes, j'ai tellement hâte de continuer à profiter de nos occasions d'évoluer dans les prochains mois et à l'approche de notre première activité d'avant-saison ensemble en septembre.

VC : As-tu des champs d'intérêt en particulier à l'extérieur du volleyball et du travail d'entraîneure et si c'est le cas, comment parviens-tu à trouver l'équilibre entre ces activités-là et le volleyball?

C. B. : J'adore jouer au golf, la randonnée pédestre, le paddleboard, la course à pied, le camping, voyager, pas mal tout ce qu'on peut faire au grand air, ou encore avec mon chien et d'autres chiens (et leurs maîtres). Trouver l'équilibre est une des difficultés de ce métier, et j'ai dû apprendre à redéfinir ce que la société m'a appris comme étant la définition de l'équilibre parce qu'être entraîneure, ce n'est pas comme les autres professions, tu ne peux pas juste fermer la porte de ton bureau à 17 h et dire que ta journée est finie. Je trouve que mon meilleur boulot, que mes meilleures réflexions viennent tard le soir après l'entraînement de l'équipe, et c'est difficile de ne pas laisser tout ça s'infiltrer dans mes rêves, ce qui fait que je me réveille souvent en pensant au travail... J'ai donc commencé à moudre mon café à la main et à me réserver du temps pour moi le matin!

Deux éléments essentiels pour trouver l'équilibre, c'est que tu dois adorer ce que tu fais et tu dois avoir des gens dans ton cercle rapproché qui te soutiennent en tant qu'entraîneure et qui comprennent que c'est ta passion (et quelle incidence cela a sur ton horaire). J'ai beaucoup appris sur le travail qu'il est nécessaire de faire pour nourrir et chérir nos rapports les plus importants et de faire preuve de gratitude à l'endroit des choix que les gens font d'être dans notre vie quand, pendant plusieurs mois de l'année, nous sommes plutôt absentes/indisponibles, et qu'ensuite nous cherchons à rattraper le temps perdu. 

VC : De quoi es-tu la plus fière quand tu regardes ce que tu as réalisé comme entraîneure?

C. B. : Je pense que ce sont les petites choses, les petits détails au niveau individuel avec les athlètes qui font que je suis fière de ce que je fais. Les petits gains qui, ni vu ni connu, font surface dans les matchs, ou bien des erreurs et des leçons apprises ensemble. Ces choses-là n'apparaissent pas nécessairement sur la feuille des statistiques, mais elles ont tendance à faire pencher la balance en notre faveur en termes de résultat du match. C'est cet aspect-là du travail d'entraîneure que j'adore et qui me rend le plus fière de ce que je fais. 

VC : Quel est ton but ultime comme entraîneure?

C. B. : Je veux offrir un milieu de développement et es expériences compétitives positives à mes athlètes-étudiantes, aux entraîneures et aux membres du personnel. Je ressens de la passion pour ce que je fais parce que j'ai des gens qui ont créé ces milieux-là pour moi – alors je considérerai que j'aurai eu du succès si celles qui passent par le programme veulent redonner en offrant leur temps ou leurs ressources, restent connectées à l'aide d'opportunités pour les anciennes, et se considèrent de fières membres d'une famille en constante évolution. Je ne serais pas contre, non plus, une bannière de championnes nationales ou 10, ni contre une présence sur le podium aux Jeux paralympiques pour notre équipe nationale de volleyball assis! 

VC : As-tu des conseils pour les nouveaux entraîneurs? Peut-être un conseil, un geste de soutien, un apprentissage que tu aurais aimé recevoir à tes débuts?

C. B. : Trouvez des collègues avec qui connecter régulièrement au volleyball et provenant d'autres sports et ne craignez pas de remettre des choses en question et d'avoir des discussions animées, mais saines! C'est facile de regarder les succès des autres et de vouloir être pareil, mais c'est important d'être soi-même sur la base de sa propre réflexion. Il y a les pratiques exemplaires et il y a la science, et il y a les exemples et les parcours dessinés pour nous par nos mentors et nos idoles, mais ne craignez pas d'essayer de tracer votre propre chemin et d'écouter votre propre esprit curieux. Le sport évolue et les gens grandissent dans un milieu étrange et authentique, ce n'est pas nécessaire d'essayer de se fondre dans un moule. 

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Christine Biggs