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Portrait d'entraîneur : Nicole Ban

« La carrière d'entraîneure est celle qui est la plus gratifiante à mes yeux, et j'espère que de plus en plus de femmes choisiront cette voie-là. »

Bien installée à la barre de l'équipe canadienne féminine de volleyball assis, l'entraîneure en chef Nicole Ban est devenue un chef de file non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international.

Après avoir pratiqué le volleyball en tant que joueuse à l’Université MacEwan et dans les rangs professionnels pour le club Oslo Volley en Norvège, Ban a dû prendre sa retraite en raison de blessures. Sa passion pour le volleyball ne s'est toutefois pas éteinte et elle a voulu continuer de s'impliquer dans ce sport. Elle a réintégré le réseau U SPORTS dans le rôle d'entraîneure adjointe en 2011 à l'Université MacEwan où, mis à part un séjour de deux ans dans le même rôle à l'Université de l'Alberta, elle a continué de travailler jusqu'à ce jour.

Entre temps, en 2014, elle a été nommée entraîneure de l'équipe canadienne féminine de volleyball assis, et elle a donc occupé un premier poste de premier plan dans le rôle d'entraîneure. Elle est encore en poste et elle est devenue une des figures de proue au sein de la communauté de volleyball. Elle a mené Équipe Canada à la qualification en vue des Jeux paralympiques de 2016, permettant ainsi au pays de déléguer pour la première fois une équipe de volleyball assis à cette compétition. L'équipe s'est par ailleurs qualifiée pour les Jeux paralympiques 2020 (reportés à 2021) à Tokyo.

Ban a aussi agi comme entraîneure aux Jeux parapanaméricains 2015, a régulièrement dirigé Équipe Alberta dans différentes compétitions et s'est impliquée au sein du programme national juvénile d'Équipe Canada ( Team Canada Youth National Program) à Whistler, en Colombie-Britannique. En 2016, elle a complété une maîtrise d'entraîneur à l'Université de l'Alberta.

Volleyball Canada a récemment eu l'occasion de s'entretenir avec Ban à propos de sa carrière d'entraîneure dans le monde du sport et de sa vision du métier.

Volleyball Canada : Comment avez-vous fait le passage de joueuse à entraîneure? Était-ce là un scénario que vous aviez toujours envisagé?

Nicole Ban : Je suis passée au rôle d'entraîneure après avoir complété ma carrière de joueuse de volleyball en Europe. Ce n'est pas quelque chose que j'avais toujours envisagé de faire, mais ce sont des entraîneurs qui me l'ont suggéré quand je jouais. J'avais dirigé des équipes et des camps quand j'étais plus jeune, mais c'est seulement quand je suis devenue adjointe à l'Université MacEwan que j'ai commencé à m'y consacrer vraiment. J'avais beaucoup de plaisir dans ce rôle, alors j'ai décidé de retourner aux études afin de compléter ma maîtrise d'entraîneure à l'Université de l'Alberta. 

 

VC : Et plus précisément, qu'est-ce qui vous a amenée à diriger des équipes de volleyball assis?

N. B. : Je suis devenue entraîneure en volleyball assis quand Ian Halliday, le précédent directeur de la haute performance en volleyball assis et entraîneur-chef par intérim de l'équipe féminine assise à l'époque, m'a contacté dans le but de m'inciter à devenir entraîneure adjointe. J'en étais à la première année de ma maîtrise et j'étais prête à envisager toutes les possibilités qui me permettraient d'apprendre et d'élargir mes connaissances du jeu. J'avais beaucoup de choses à apprendre sur le volleyball assis, mais Ian et toutes les athlètes ont été formidables dans leur façon de m'enseigner le jeu. Je me suis assise avec elles pour apprendre à jouer à mon premier camp d'entraînement avec l'équipe, ce qui m'a beaucoup aidée puisque j'ai réalisé à quel point il est difficile de se déplacer et de bien exécuter les gestes techniques. On était en fin d'année 2014 et je suis passée au poste d'entraîneure-chef avant les Jeux panaméricains de Toronto, en juillet 2015. 

VC : Qui sont les personnes qui vous ont soutenue dans votre parcours? Avez-vous des mentors?

N. B. : Bien des gens m'ont soutenue en cours de route, mes amis et ma famille ont été formidables étant donné que je n'ai pas emprunté le chemin habituel en ce qui concerne ma carrière. Mais d'un point de vue d'entraîneure, j'ai beaucoup de soutien d'entraîneurs qui sont des mentors. Je suis entraîneure avec Ken Briggs à l'Université MacEwan depuis l'époque où il était un collège et il m'a toujours soutenue en tant qu'entraîneure, il a soutenu l'équipe de volleyball assis et il est très ouvert dans sa façon de m'accommoder dans les moments où je dois rater des matchs de MacEwan pour être avec Équipe Canada. Pendant que je fréquentais l'Université de l’Alberta, Laurie Eisler and ‘Miya’ (Naoki Miyashita) ont elles aussi été remarquables dans leur façon de me donner l'occasion d'en apprendre plus sur plusieurs aspects techniques et tactiques du métier d'entraîneur, des leçons qui me servent encore de nos jours. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir eu une mentore solide en Laurie. Elle a confiance, elle a beaucoup de sagesse et elle travaille plus fort que pratiquement tout le monde que je connaisse. Enfin, Ian Halliday et Kerry MacDonald m'ont enseigné pas mal de choses sur le volleyball assis, ils ont vraiment cru en moi et ils m'ont soutenue pendant mon parcours d'entraîneure. C'est bien de voir qu'ils ont mes intérêts à cœur et qu'ils m'encouragent à continuer à me développer en tant qu'entraîneure. 

VC : Quelles sont les différences entre diriger une équipe de volleyball assis et de volleyball debout? Ou bien, en quoi est-ce pareil?

N. B. : Il y a plusieurs similitudes entre les disciplines en salle et assise, mais il y a aussi pas mal de différences. J'ai récemment participé à la conférence téléphonique de la commission des entraîneurs de World ParaVolley la semaine dernière et nous avons discuté du fait qu'avoir une bonne compréhension du volleyball en salle aide à faire le passage au volleyball assis, puis tu peux approfondir tes connaissances des différences dans la technique et la tactique. La plus grande différence au point de vue technique, c'est qu'en salle, tu peux avoir les mains déjà levées en position de disponibilité, tandis qu'assis, tu es au sol alors tu dois utiliser tes mains pour bouger avant d'y aller du geste technique, et donc chaque geste technique doit être exécuté plus rapidement. Quand tu fais une passe avec les avant-bras, le sol et la jambe de l'athlète peuvent gêner son geste, donc nous devons ajuster la façon dont le geste est fait. Les différences au chapitre des règles, c'est que tu peux bloquer au service, tes fesses doivent être derrière la ligne quand tu fais le service ou quand tu attaques de la ligne arrière, et tes fesses doivent rester au sol au moment d'attaquer ou de bloquer. Étant donné que le filet pour les femmes s'élève à 1,05 mètre et que le court a seulement 6 m de largeur par 5 m de longueur, le jeu se déroule très rapidement, et le ballon se déplace pas mal plus près du sol. Il n'y pas de sauts et pour cette raison, nous préconisons d'autres approches pour créer des couloirs et placer le service à des endroits que l'adversaire aura de la difficulté à couvrir (selon la position de leurs corps et les couloirs laissés à découvert en position de bloc).

Diriger une équipe de volleyball assis m'a permis d'élargir mon approche globale en tant qu'entraîneure, étant donné qu'aucune athlète n'a exactement le même corps que l'autre et donc, chaque geste technique et mouvement doit être adapté en fonction des forces spécifiques à chaque athlète, au lieu d'être une méthode uniforme qu'il faut ensuite enseigner. Dans l'ensemble, nous tentons de repousser les limites et de mettre en place des nouvelles techniques et de nouvelles tactiques afin de contribuer à l'évolution du volleyball assis. 

VC : Quel a été le plus grand obstacle que vous avez eu à franchir durant votre carrière d'entraîneure et comment avez-vous fait pour le surmonter?

N. B. : Une des plus grandes difficultés que j'ai connues durant ma carrière d'entraîneure a été de convaincre les autres (et moi-même) que le parcours que j'avais choisi d'emprunter pouvait vraiment se traduire par une carrière. Ça n'a pas toujours été facile, mais je suis vraiment reconnaissante à l'endroit de Volleyball Canada pour les occasions qui m'ont été offertes et pour avoir transformé la profession d'entraîneur et la gestion des programmes de para en quelque chose qui est à temps plein. Comme je l'ai mentionné, j'ai toujours eu droit à du soutien, ce qui m'a permis de me rendre là où je suis aujourd'hui, et ce fut un élément clé des succès que j'ai connus jusqu'ici. 

VC : L'équipe de volleyball assis est dirigée par un personnel qui est entièrement composé de femmes et la formation est d'ailleurs reconnue pour cela dans les tournois internationaux. Pouvez-vous nous parler de cela et aussi de ce que vous pensez du développement des femmes au poste d'entraîneur chez Volleyball Canada ainsi qu'au Canada?

N. B. : Sur le banc au sein du programme féminin de volleyball assis, nous avons seulement des femmes, et c'est quelque chose dont je suis très fière, mais ceci étant dit, Kerry MacDonald est le directeur des programmes de HP et il a fait montre d'un soutien sans relâche à l'endroit de nous toutes. Nous sommes uniques en notre genre en raison du fait que nous sommes toutes des femmes, et nous apprécions le fait de voir que nous avons des alliés à tous les niveaux à Volleyball Canada, ce qui permet à notre pays de se distinguer de cette façon. Je trouve que le développement des entraîneures au Canada dans l'ensemble a commencé, mais on peut toujours faire mieux. Les jeunes femmes qui sont des athlètes envisagent rarement de devenir des entraîneures parce qu'elles se concentrent sur la compétition, mais j'espère voir d'autres femmes fortes diriger des équipes féminines, afin que ça puisse commencer à changer. La carrière d'entraîneure est celle qui est la plus gratifiante à mes yeux, et j'espère que de plus en plus de femmes choisiront cette voie-là. 

VC : J'ai lu qu'à l'occasion de certains tournois, vous êtes peut-être parmi les seules entraîneures présentes. Comment gérez-vous ce statut de modèle à suivre et de chef de file dans votre sport?

N. B. : J'espère que d'autres para-athlètes et jeunes athlètes au Canada, autant chez les garçons que chez les filles, verront notre personnel féminin comme étant un modèle à suivre et que ça les amènera à ne plus croire aux stéréotypes qui sont accolés aux entraîneures. À ma connaissance, nous sommes le seul pays à avoir un personnel au banc entièrement composée de femmes, mais il y a d'autres programmes où on retrouve des femmes au sein du personnel, et j'adore voir ça. La Chine a une femme au poste d'entraîneur-chef. C'est formidable, et j'espère voir d'autres femmes s'amener à des postes d'entraîneures dans les prochaines années. 

Pendant les compétitions, notre personnel et nos athlètes affichent une attitude confiante en raison du fait que nous savons que nous sommes une équipe en ascension et que nos adversaires affichent de plus en plus de respect à notre endroit. Je pense que les gens commencent à le remarquer, alors qu'ils voient que nous avons instauré une mentalité qui laisse place à la croissance, où nous invitons nos athlètes à bien apprivoiser la pression inhérente au sport, peu importe le contexte. Au sein du personnel, nous n'essayons pas d'être « le meilleur personnel féminin du volleyball », nous mettons l’accent sur la quête de la victoire et le désir d'être les meilleurs entraîneurs possibles, point à la ligne. Oui, nous sommes fières d'être des femmes et nous voulons être des modèles, mais j'espère que la passion que nous affichons pour le volleyball et le soutien que nous donnons à nos athlètes sont des éléments bien visibles dans notre façon de faire, et que les athlètes et les observateurs trouvent que c'est encourageant de voir ça. 

VC : En quoi le travail d'entraîneure diffère-t-il du rôle de joueuse?

N. B. : À mes yeux, le rôle d'entraîneure est très différent de celui de joueuse, mais c'est la même détermination et la même intensité qui te sert de moteur. Je suis quelqu'un de très passionnée et quand j'agis comme entraîneure, j'ai dû apprendre à maîtriser mes émotions – et j'apprends toujours à le faire. Quand je jouais, je pouvais canaliser toutes les énergies que j'avais en moi dans le match et vivre au moment présent, j'avais les émotions à fleur de peau et je m'en servais pour nourrir ma performance. Maintenant, je mise davantage sur la préparation que j'ai faite à l'avance en fonction de l'adversaire, tout en essayant d'évaluer ce que je vois se dérouler sous mes yeux, à l'aide de statistiques et de données qui me permettent de prendre des décisions éclairées, plutôt que de me fier aux émotions comme à l'époque quand j'étais une joueuse. J'ai par ailleurs réalisé qu'il y a sous mes ordres une équipe qui compte sur moi pour que je reste calme et pour que je les soutienne à travers les scénarios qui se présentent. C'est un équilibre qu'il faut constamment trouver et c'est là quelque chose que j'apprends encore à faire de manière efficace. 

VC: Quelle est votre plus grande fierté en tant qu'entraîneure?

N. B. : Ce dont je suis le plus fière, ce sont les athlètes que j'ai eu l'occasion de diriger et les rapports que j'ai pu bâtir avec elles pendant que je dirigeais une équipe. Ça peut sembler cliché de dire ça puisque, la plupart du temps, les gens vont évoquer un moment où ils ont gagné quelque chose, mais le parasport et mon implication dans ce programme ont vraiment changé ma vision des choses, non seulement en tant qu'entraîneure, mais aussi dans la vie. Quand tu te retrouves dans un programme aussi unique en son genre que le nôtre, tu réalises que le volleyball assis et le sport dans son ensemble ont vraiment le pouvoir de transformer la vie de quelqu'un, c'est difficile à expliquer. Chacune des athlètes au sein de notre équipe a dû relever des défis et des écueils incroyables, sauf qu'elles abordent chaque entraînement et chaque match avec le même niveau de confiance et de préparation que le feraient des athlètes sans handicap. Quand j'observe tout ça, je vois des athlètes qui sont prêtes à rivaliser et à gagner et, en tant qu'entraîneure, j'ai appris qu'il y a tellement de choses insoupçonnées chez chaque athlète, c'est un honneur pour moi de diriger des femmes qui persévèrent de cette manière quotidiennement, sans demander de traitement spécial quand elles se présentent au gymnase. Puisque nous ne pouvons toujours pas oublier ce moment à Halifax, je suis très fière de la performance de notre équipe, qui nous a permis de nous qualifier pour les Jeux paralympiques de Tokyo. Ce fut un moment charnière pour notre programme, les joueuses ont alors illustré à quel point elles ont fait du chemin depuis cinq ans, c'est signe du travail acharné qui a été accompli par chacune d'entre elles pour se rendre là où nous en sommes aujourd'hui. 

VC : Quels conseils auriez-vous à donner aux nouveaux entraîneurs?

N. B. : Tout d'abord, merci à tous les nouveaux entraîneurs, surtout les entraîneurs en volleyball. Faire progresser notre sport au Canada est un travail essentiel et nous avons besoin d'entraîneurs passionnés et bien formés pour y arriver. Ce qui nous amène à mes conseils à l'intention des nouveaux entraîneurs : peu importe à quel point vous étiez un bon joueur ou non, je trouve qu'en apprendre le plus possible au sujet du volleyball et le fait de continuer à avoir l'esprit ouvert relativement aux pratiques exemplaires qui sont scientifiquement éclairées représente un élément clé. Il y a peut-être des choses que vous avez toujours faites d'une certaine façon, mais il faut écouter et apprendre. Mon autre conseil, c'est d'écouter et de tisser de bons rapports avec vos athlètes. Ce sont les moteurs de l'équipe et ils vont adhérer à un système quand ils sentiront qu'ils sont appréciés et des parties prenantes. On peut faire pas mal de chemin avec une mentalité d'équipe positive.  

VC : Qu'est-ce que vous auriez aimé recevoir – un conseil, une démonstration de soutien, un apprentissage –- à vos débuts ?

N. B. : J'ai été pas mal chanceuse d'avoir eu de nombreuses occasions quand j'ai commencé à travailler comme entraîneure – j'ai eu des entraîneurs qui m'ont bien soutenue en agissant comme mentors, j'ai terminé ma maîtrise et on m'a donné la chance de diriger l'équipe féminine de volleyball assis à l'occasion d'une compétition importante quelques mois seulement après mes débuts avec l'équipe. J'imagine que j'aurais voulu avoir plus d'expérience en tant qu'entraîneure-chef puisque c'était quelque chose que je n'avais pas, mais je suis reconnaissante d'avoir vécu tout ce cheminement qui m'a menée là où je suis aujourd'hui. J'apprends beaucoup à chacun des matchs internationaux où je dirige l'équipe et j'ai hâte à chacune des nouvelles occasions que j'ai de le faire, puisque ça me pousse à réfléchir, à apprendre et à grandir. 

 

  •  L'entrevue a été réalisée par Josh Bell

 

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Women's Team Staff