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Profil d'entraîneur: Garth Pischke

Les « Profils d'entraîneur » de Volleyball Canada sont fièrement présentés par par Mizuno, supporteur de nos équipes nationales et programmes d'entraîneurs.

Après quatre décennies à œuvrer dans le monde du volleyball, Garth Pischke a récemment accroché sa planchette à pince, mettant ainsi le point final à une des plus impressionnantes carrières d'entraîneur dans l'histoire du réseau U SPORTS.

Il a d'abord été joueur, et Pischke est d'ailleurs reconnu comme un des meilleurs joueurs de tous les temps au volleyball masculin canadien. À titre de membre des équipes de l'Université du Manitoba et de l'Université de Winnipeg, il a remporté trois championnats nationaux. Il a ensuite évolué chez les professionnels dans l'International Volleyball Association avec El Paso et Denver, remportant alors les titres de recrue de l'année et de joueur le plus utile à son équipe.

Avec le programme national masculin, l'athlète originaire de Winnipeg est passé par les équipes jeunesse et junior, et il a été nommé au sein de l'équipe olympique masculine des Jeux de 1976 alors qu'il était encore étudiant en 12e année. Il a de nouveau participé aux Jeux olympiques en 1984, devenant alors le premier Canadien à participer à deux Jeux olympiques au volleyball.

En tant qu'entraîneur avec l'Université du Manitoba, Pischke a prolongé sa remarquable carrière de 38 autres années avant de prendre sa retraite en 2020. Il a mené son équipe à 28 participations au Championnat national, ce qui s'est traduit par neuf médailles d'or, neuf d'argent et cinq de bronze, ainsi que deux quatrièmes places et deux cinquièmes places. Il a aussi dirigé l'équipe nationale masculine de 1996 à 2000, aidant la formation à passer du 21e rang au 10e rang mondial.

Il a été intronisé au Temple de la renommée olympique du Canada ainsi qu'au Temple de la renommée de Volleyball Canada, en plus d'avoir été proclamé athlète du siècle au Manitoba.

Volleyball Canada s'est récemment entretenu avec Pischke à propos de sa carrière d'entraîneur et aussi dans le but de savoir ce qu'il pense de la profession d'entraîneur dans le contexte de notre sport.

Volleyball Canada : Vous avez annoncé votre retraite comme entraîneur il y a un an environ. Comment s'est passée cette première année?

Garth Pischke : Je suis certain que la plupart des gens qui ont passé 43 ans dans une profession particulière ressentent un sentiment de vide quand ils prennent leur retraite. C'est la même chose dans mon cas. En tant qu'entraîneur professionnel responsable d'un programme universitaire important, le fait de voir cette responsabilité prendre fin a laissé un grand trou dans mes pensées, mes activités et mes responsabilités quotidiennes. Ç'a été un défi. Aussi, le moment où est survenu la COVID-19 a fait en sorte que ç'a mis un frein à mes plans de retraite, donc la situation était encore plus difficile. Cela étant dit, j'ai bien aimé avoir cette occasion de m'attaquer et de réduire ma liste de choses à faire! Celle-ci s'était pas mal allongée au fil des ans.

VC : Vous avez connu une très longue carrière, qui s'est étendue sur vos activités comme joueur, puis comme entraîneur. À l'époque où vous étiez joueur, vous avez représenté le Canada deux fois aux Jeux olympiques. Comment décririez-vous ce que vous avez vécu à ces occasions-là?

GP : Jouer pour le Canada a été le fait saillant de ma carrière de joueur. D'avoir pu participer à la croissance du volleyball canadien et vivre les changements et les progrès que le Canada a vécus de 1973 à 1984 a été palpitant au possible! Disputer des matchs à la maison à Montréal en 1976 à cette quatrième place aux Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles ont été des expériences formidables. Ce fut un plaisir et un honneur d'avoir eu cette occasion de compétitionner avec tous les excellents coéquipiers que j'ai fréquentés au cours de cette période.

VC : Comment s'est fait le passage à la profession d'entraîneur? Est-ce un scénario que vous aviez toujours envisagé?

GP : Pour être bien honnête, je n'ai jamais considéré le travail d'entraîneur comme un objectif personnel jusqu'à ce que ça arrive. J'étais très motivé à l'idée de m'impliquer dans le monde des affaires, j'avais un diplôme en gestion. J'avais complété la plus grande partie de mon diplôme en administration des entreprises pendant mes premières années comme entraîneur, mais quand l'université a créé un poste d'entraîneur à temps plein pour moi, j'ai choisi d'aller dans cette direction.

VC : Qui vous a soutenu dans votre parcours ? Avez-vous eu des mentors ? 

GP : J'ai eu des mentors comme entraîneur et aussi des mentors en administration. Mes premières années comme entraîneur, je recevais des honoraires (2000 $ par année). Puis j'ai été embauché pour occuper un poste conjoint comme directeur technique de Volleyball Manitoba et entraîneur-chef à l'Université du Manitoba. J'ai fait ça pendant un an, mais ce n'était pas la meilleure chose pour moi. J'ai dit à l'université que pour faire le meilleur travail possible, j'avais besoin d'être à un seul endroit. Les deux personnes clés pour moi à l'Université du Manitoba ont été Henry Janzen (le doyen) et Joyce Fromson (la directrice des sports). Ils ont discuté et ils ont créé un poste à temps plein pour moi à l'Université du Manitoba. Je travaillais comme entraîneur, comme enseignant, et j'avais des tâches administratives au sein de la faculté d'éducation physique. J'ai eu de nombreux mentors dans le cadre de mon travail d'entraîneur, et j'ai appris de tout un chacun d'entre eux. Ils sont trop nombreux pour que je puisse les nommer et je ne voudrais pas oublier quelqu’un.

VC : Quel a été le plus grand obstacle que vous ayez eu à franchir au cours de votre carrière d'entraîneur et comment avez-vous fait pour en venir à bout ? 

GP : Mon plus grand défi a été d'harmoniser ma carrière d'entraîneur à ma vie et aux objectifs familiaux que mon épouse Cindy et moi voulions atteindre. Le plus gros coup de main que j'aie reçu à ce titre a été le soutien indéfectible de Cindy et les sacrifices qu'elle a faits pour moi. Accomplir ce que j'ai accompli sur le plan professionnel et élever une famille n'auraient jamais été possible sans le soutien et l'engagement dont elle a fait preuve en coulisses.

VC : Au cours de votre carrière au sein du réseau U SPORTS, vous avez participé à 28 Championnats nationaux et remporté neuf médailles d'or, neuf d'argent et cinq de bronze en plus de terminer quatrième deux fois et cinquième deux fois, et vous avez vécu une annulation en raison de la COVID. C'est un résumé statistique fort impressionnant. Étant donné que votre carrière d'entraîneur avec les Bisons s'est étendue sur 38 saisons, comment avez-vous fait pour continuer à avoir autant de succès au fil des ans ?

GP : Le recrutement a joué un rôle énorme dans les succès du programme. Dans la plupart des cas, les athlètes qui ont joué au sein de mon programme étaient des joueurs très confiants, qui travaillaient extrêmement fort, qui avaient beaucoup de talent et qui ont choisi de travailler en fonction d'objectifs d'équipe. J'ai réussi à communiquer à la plupart de mes athlètes que mes instructions et mes conseils comme entraîneur pendant les entraînements et les matchs avaient pour but de les motiver et de les pousser à atteindre leurs objectifs d'équipe et individuels, tout en travaillant fort et en cherchant à suivre et respecter les règlements de l'équipe. Je visais de bâtir la meilleure équipe possible. J'ai recruté des athlètes qui, selon moi, étaient prêts à mettre leurs objectifs personnels de côté afin d'atteindre les objectifs d'équipe, et qui étaient sincèrement contents de voir leurs coéquipiers avoir du succès. La plupart de mes athlètes ont atteint leurs objectifs sur le plan sportif et académique. Par contre, pour ceux qui ne l'ont pas fait, j'ai confiance qu'ils auront compris qu'ils ont fait du mieux qu'ils pouvaient et qu'ils allaient connaître d'autres succès après l'université grâce aux expériences qu'ils auront vécues, qui les auront aidés à grandir.

VC : Vous avez aussi passé du temps avec l'équipe nationale canadienne masculine, de 1996 à 2000, et vous l'avez aidée à passer du 21e au 10e rang au classement mondial. Que retenez-vous de l'époque où vous étiez avec l'équipe nationale?

GP : Les athlètes que nous avions dans l'équipe à cette époque étaient exceptionnels! Ç'a été un plaisir pour moi d'avoir eu l'occasion de travailler avec chacun d'entre eux. Nous avons signé d'incroyables victoires ensemble et je chéris les nombreux bons moments que j'ai vécus pendant cette période de ma vie.

VC : Votre vie a été consacrée au volleyball. Comment ce sport a-t-il évolué au fil des ans, d'après vous, tout au long de votre carrière? Et dans quelle direction s'en va notre sport, selon vous?

GP : Notre sport a beaucoup évolué depuis mes débuts. Quand j'ai commencé à jouer, nous avions un système 5-1, cinq passeurs et un attaquant (rires). L'aspect le plus intéressant de notre sport a été la pression constante pour aller vers une plus grande spécialisation. Évidemment, d'autres sports mieux établis avaient énormément d'avance sur le volleyball à cet égard, mais il ne fait aucun doute que le volleyball a rattrapé son retard et a même dépassé certains sports. Les règlements ont beaucoup changé, pour le mieux dans la plupart des cas.

Deux choses ressortent en ce qui a trait au volleyball et, je dirais, plus précisément en ce qui regarde le volleyball masculin au Canada. Le nombre d'athlètes de haut niveau qui pratiquent le volleyball a augmenté chaque année, de même que le nombre d'entraîneurs de haut niveau. Je dirais que le leadership et le niveau d'engagement du personnel de notre équipe nationale à l'heure actuelle n'a rien à envier aux autres pays. Ils n'ont jamais cessé de pousser le programme masculin vers des niveaux sans précédent. Le Canada est devenu une puissance mondiale et il faut rendre hommage à leur dévouement, leur engagement et leur expertise. Deuxièmement, le soutien qu'ont reçu les programmes nationaux de volleyball masculin dans la préparation des athlètes a été grandement bonifié par le bon niveau des entraîneurs qu'on retrouve dans nos programmes universitaires et collégiaux. Il est clair, selon moi, qu'il y a maintenant d'excellents entraîneurs universitaires et collégiaux au Canada. Ce secteur de croissance a pris de l'ampleur très rapidement dans notre pays. Je suis fier d'avoir fait partie de ce système de développement.

VC : Vous avez eu des moments remarquables, notamment quand vous avez été l'entraîneur de vos enfants. Taylor s'est retrouvé dans l'équipe nationale de plage et Dane a remporté le bronze dans le réseau U SPORTS en 2012. À quel point avez-vous vécu quelque chose de spécial quand vous avez pu diriger vos enfants et partager ce genre d'expérience avec eux? 

GP : Je me sens incroyablement privilégié qu'avec l'aide de Cindy, nous avons été en mesure de bien combiner notre vie familiale, notre passion pour le volleyball et ma carrière. Diriger Dane et Taylor m'a permis de vivre certaines des plus belles expériences de ma vie au volleyball, cela m'a donné des souvenirs impérissables et c'était très gratifiant. Le fait de les avoir vu tous deux représenter le Canada et jouer à un niveau aussi élevé a été quelque chose d'extrêmement satisfaisant, et de les avoir vu gagner en maturité pour devenir des adultes aussi forts, autonomes et épanouis qu'ils le sont aujourd'hui, c'est ce qui a été le plus gratifiant.

VC : Quel aspect de votre carrière d'entraîneur vous rend le plus fier ?

GP : La constance de mon programme universitaire au fil des ans. Je trouvais vraiment que nous avions un des meilleurs programmes au pays, un programme qui motivait d'autres programmes à continuer de travailler fort afin d'exceller. Je suis très content de la santé de mon sport au moment de prendre ma retraite, parce que je vois plusieurs programmes et entraîneurs remarquables aux niveaux universitaire et collégial.

VC : Quel était votre but ultime comme entraîneur?

GP: Dès le moment où j'ai décidé de devenir entraîneur, j'ai toujours visé de diriger notre équipe nationale. Ç'a été une expérience très gratifiante pour moi, et j'espère que j'ai contribué un peu à l'évolution continue de notre programme et de notre sport au Canada. 

VC : Avez-vous des conseils pour les nouveaux entraîneurs? Peut-être un conseil, un geste de soutien, un apprentissage que vous auriez aimé avoir quand vous avez commencé?

GP : La communication est la compétence la plus importante quand on est entraîneur. Je pourrais parler des heures et des heures sur ce sujet-là en rapport aux expériences que j'ai vécues au fil des ans. J'ai toujours préconisé une approche où ma porte était ouverte afin de discuter de tout souci, commentaire, objectif d'équipe ou individuel, problème, perception ou de problème de la vie pour soutenir un athlète ou le conseiller. Je visais d'offrir la plus belle expérience possible à l'équipe et aux athlètes. J'ai recruté des personnes pour leur donner l'occasion d'exceller et de devenir les meilleurs joueurs qu'ils pouvaient possiblement devenir. J'ai fait de mon mieux pour les motiver à travailler dur et à travailler de façon intelligente. Je pense que la plupart des joueurs ont compris ça. En ce qui a trait aux questions ou inquiétudes en lien avec le volleyball, ils avaient besoin de communiquer avec moi. Mes décisions étaient toujours basées sur ce que je pensais être pour le mieux-être de l'équipe. Les entraîneurs ont souvent des décisions difficiles à prendre pour améliorer l'équipe et pour amener les athlètes à accepter leurs rôles/responsabilités en tant que membres qui apportent chacun une contribution égale à l'équipe. Ceci donne à l'athlète la possibilité d'exprimer ses inquiétudes dans le but de résoudre des problèmes dès qu'ils se présentent.

 

 Photo : University of Manitoba

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