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Profil d’entraîneure : Tania Harrison

Les « Profils d'entraîneur » de Volleyball Canada sont fièrement présentés par par Mizuno, supporteur de nos équipes nationales et programmes d'entraîneurs.

Avec près de 25 ans d’expérience comme entraîneure, Tania Harrison a du mal à identifier les faits saillants de sa carrière sur les lignes de côté. C’est tout simplement qu’il y en a trop.

L’entraîneure de la Saskatchewan a joué pour l’Université de Regina après ses études secondaires, elle est ensuite devenue entraîneure de club et au niveau provincial avant de mettre un terme à sa carrière de joueuse. Elle a passé de nombreux étés à diriger Équipe Saskatchewan aux Jeux du Canada, notamment à titre d’entraîneure adjointe en 2001 et entraîneure-chef en 2005 et en 2013.

Sa loyauté envers l’Université de Regina l’a gardé à l’école, en plus de son rôle d’entraîneure adjointe du Programme régional d’excellence de Volleyball Canada à Regina et faisant partie du personnel d’entraîneurs pour les équipes nationales juvénile, junior et senior.

Volleyball Canada a récemment eu l’occasion de discuter avec Harrison au sujet de sa carrière d’entraîneure et de ce qu’elle pense en général de ce rôle d’encadrement dans le monde du sport.

Volleyball Canada : Commençons par le début, comment avez-vous entamé votre carrière d’entraîneure?

Tania Harrison : J’ai toujours été impliquée dans le monde du sport et j’ai toujours aimé ça. J’ai gravité vers les rôles de leadership au sein de plusieurs équipes pour lesquelles j’ai joué. J’ai notamment été élue capitaine et je recherchais ces postes de leadership quand j’étais athlète. Je pense que ça s’est naturellement transposé dans un rôle d’entraîneure. De plus, quand j’ai commencé à être entraîneure, je jouais toujours à Regina et j’aimais cette idée. Cela m’a aidée à devenir une joueuse plus intelligente parce que j’étais en mesure de voir le jeu d’un angle différent. Je pense que j’en étais à ma troisième année d’université quand j’ai commencé à diriger ma première équipe de club et ensuite j’ai pu faire le saut dans les rangs provinciaux à ma dernière année comme joueuse, soit en 1999. C’était la première année que j’avais posé ma candidature pour être entraîneure avec l’équipe provinciale et j’ai fini par obtenir un baccalauréat en éducation. Être enseignante, diriger l’équipe provinciale en juillet et août quand j’étais en congé était très facile pour moi. Il ne s’est pas passé une année depuis l’université où je n’ai pas été entraîneure. Ma première année dans ce poste remonte autour de 1997, alors ça va bientôt faire 25 ans. C’est assez fou.

VC : Est-ce qu’il y a quelqu’un en particulier qui vous a aidée dans votre parcours vers le rôle d’entraîneure?

TH : Honnêtement, le volleyball n’est pas le sport où je performais le plus quand j’étais jeune. J’ai à peine percé la formation de l’équipe de volleyball au secondaire. Je n’étais vraiment pas bonne – j’aurais probablement dû être retranchée. Cependant, j’ai compris que j’étais une athlète et que les athlètes jouent au volleyball. L’année suivante, je me suis dit que c’était embarrassant et que je n’avais pas envie d’être aussi mauvaise dans un sport. J’ai donc participé à quelques camps d’été et il manquait de joueuses au sein de l’équipe senior, alors j’ai fait partie de cette équipe après avoir été épouvantable l’année précédente. L’entraîneur de l’équipe de volleyball des filles senior était Brad Hennenfent et il est devenu une personne qui a eu beaucoup d’influence sur ma vie dès un jeune âge. Il est un mentor de longue date pour moi. Il a probablement été la première personne qui m’a fait connaître l’enseignement des aptitudes justes et de simplement enseigner le jeu et j’ai commencé à aimer ça. C’est une personne qui m’a aidée à m’améliorer en tant qu’athlète, à m’ouvrir à des possibilités au sein d’U SPORTS, mais ça n’a pas été facile. J’ai dû travailler dur pour être au même niveau que la compétition. Je n’ai pas eu de temps de jeu significatif jusque vers ma troisième année. D’un point de vue mental et émotionnel, Brad m’a vraiment aidée à continuer à travailler dur et à rester concentrée sur mes objectifs comme athlète. Aujourd’hui, Brad et moi avons entraîné ensemble l’équipe provinciale, nous avons entraîné ensemble aux Jeux du Canada et nous jouons souvent au golf l’été. La relation a évolué et changé et il a sans aucun doute eu une grande importance pour faire de moi la personne que je suis aujourd’hui et aussi dans le fait que je sois aussi une entraîneure. Il a été le premier vrai entraîneur qui a eu une influence positive et percutante sur moi.

VC : Est-ce qu’il y a quelqu’un que vous considérez comme un mentor?

TH : Ce serait Brad, sans aucune hésitation. Par ailleurs, quand je progressais dans la formation d'entraîneur et après avoir commencé à travailler avec l’équipe provinciale, je regardais le processus du PNCE et j’avais quelques objectifs, dont celui d’être entraîneure aux Jeux du Canada. En travaillant à l’obtention des certifications nécessaires, j’ai travaillé avec Anne Côté. Elle a été une personne d’une grande influence pour amener mon travail d’entraîneur au niveau supérieur. J’étais dans la vingtaine quand je dirigeais l’équipe provinciale et elle était dans la quarantaine, alors elle a apporté une maturité plus que nécessaire au personnel d’entraîneurs. On est toujours en contact et elle travaille maintenant avec l’ancien entraîneur de l’équipe nationale, le Dr Lorne Sawula et ASPIRE Volleyball. Lorne a probablement été un peu un mentor, il était souvent avec mon entraîneur universitaire et avec Anne, alors en quelque sorte j’ai un lien avec lui. Il est apparu à l’occasion comme un mentor lui aussi, mais pas sur une base régulière.

VC : Vous êtes l’entraîneure responsable du Programme régional d’excellence de Volleyball Canada à Regina. En quoi cela consiste ce poste?

TH : Premièrement, je pense que c’est un programme très important pour les athlètes qui ont des aspirations, peu importe le club ou l’école où ils jouent. C’est l’occasion de s’entraîner de façon constante et de travailler sur les habiletés, particulièrement au niveau actuel ou standard. Je recrute les entraîneurs – c’est une grande partie de mon boulot parce que dans le cadre des performances de haut niveau, le succès du programme et ce que donne le programme aux athlètes tournent pas mal autour de l’expertise sur laquelle tu t’appuies en gymnase. J’ai plusieurs entraîneurs qui sont jeunes et ambitieux qui travaillent avec les athlètes. Ces derniers semblent vraiment avoir embarqué. Je recrute les entraîneurs, je réserve les installations, je fais la promotion du programme et je m’occupe de notre compte Instagram. J’essaie de présenter des faits saillants sur les athlètes qui obtiennent leur diplôme, question de braquer les projecteurs sur eux.

Nous avons maintenant près de 30 athlètes qui sont passés par le programme et qui jouent au niveau postsecondaire. C’est très impressionnant, particulièrement pour le sud de la Saskatchewan, ce qui ne comprend même pas la région nord. Plusieurs des athlètes qui y passent ont cet objectif. Je crois que nous leur offrons un service pour qu’ils puissent offrir une performance de niveau supérieur. Peut-être qu’ils n’ont pas le même niveau d’entraîneurs à leur école secondaire ou dans leur club, mais ils peuvent venir au sein de notre programme et ils sont dirigés par des entraîneurs de qualité, notamment plusieurs entraîneurs provinciaux.

VC : Vous avez joué quelques rôles au sein de VC, dont celui d’entraîneure adjointe avec l’équipe nationale junior aux Championnats de la NORCECA en 2006. Comment était-ce d’être entraîneure avec l’équipe nationale?

TH : C’était vraiment spécial. J’ai vécu quelques expériences comme entraîneure invitée avec l’équipe nationale senior et dans le cadre des Essais pour l’équipe nationale junior. J’ai toujours aspiré à travailler avec les meilleurs athlètes du Canada à ce niveau. Travailler avec des entraîneurs extraordinaires qui ont de bonnes idées et de simplement faire partie de cette communauté et de ce cercle pour partager des idées, représente une forme de perfectionnement professionnel et je peux ensuite rassembler toute cette information et la rapporter au sein du programme que je dirige à Regina pour la partager avec les athlètes et les entraîneurs avec qui je travaille. J’essaie simplement de pousser le niveau et les standards en volleyball dans notre province. Ce fut une expérience incroyable. Quelques-unes de ces athlètes viennent de prendre leur retraite. Par exemple, Kyla Richey était dans cette équipe. Il y a quelques athlètes qui étaient dans ce groupe précédent qui sont maintenant à la retraite, mais avant ça, les regarder alors qu’elles étaient à l’université puis les voir passer au rang de l’équipe nationale senior, était vraiment spécial. Je me disais que j’ai eu une petite contribution à leur développement alors qu’elles étaient d’âge junior. Nous étions si proches les uns des autres cette année-là. C’est d’ailleurs le premier voyage international que j’ai fait avec Volleyball Canada, alors il y a eu beaucoup d’apprentissages dans mon rôle d’entraîneure adjointe, mais aussi comme gestionnaire de l’équipe. Quant à la compétition elle-même, nous avons disputé le match pour la médaille de bronze que nous avons perdu de peu alors qu’une victoire aurait qualifié l’équipe pour le Championnat du monde. Nous sommes passées bien près.

Ce qui a été encore plus génial est quand j’ai eu l’occasion de travailler avec le groupe d’athlètes nées en 2017 qui est allé au Championnat de la NORCECA. Je faisais partie du personnel d’entraîneurs et nous sommes allés à Tulsa. Ils ont annoncé par la suite que ce groupe allait se rendre au Honduras pour le tournoi de la NORCECA, mais c’était à la troisième semaine de septembre et comme je suis enseignante, je n’ai pas été en mesure d’y aller, mais j’ai travaillé avec ce groupe tout au long de l’été jusqu’à ce qu’il ait dû partir. Quand l’équipe est partie au Honduras, elle s’est qualifiée pour le Championnat du monde qui avait lieu l’année suivante en Égypte. C’était vraiment bien et un tournoi de très grande envergure. Le pipeline du volleyball féminin est très emballant en ce moment.

VC : Vous avez passé beaucoup de temps avec l’Université de Regina, dont comme joueuse de 1994 à 1999 et ensuite comme entraîneure pendant plusieurs saisons. En repensant à votre temps à cette école, qu’est-ce qui a fait que vous êtes restée liée à cet établissement?

TH : Je pense que je suis tout simplement une personne très loyale, alors c’est en grande partie pour ça. C’est dans ma nature. Je suis une ancienne étudiante athlète de cette école et je veux faire une différence au sein de ce programme. Ce n’est pas un programme qui a connu un succès constant comme l’UBC, l’Université de l’Alberta, les Dinos de Calgary ou d’autres encore. J’essaie d’apporter l’expérience positive et le fait de travailler avec les athlètes pour que le programme ait du succès a été une grande source de motivation pour moi. Pendant que j’y étais, nous avons fait de grandes avancées dans ce domaine, ce qui est très bien.

VC : Est-ce qu’il y a des souvenirs remarquables du temps où vous étiez entraîneure à l’Université de Regina?

TH : Je pense que ce que je valorise le plus sont les relations avec la communauté de volleyball. J’ai été entraîneure adjointe pendant 12 ans, alors ça représente trois cycles d’athlètes qui sont passés par là. J’ai encore beaucoup de relations positives avec des athlètes de l’équipe, ce qui, dans l’ensemble, est l’essentiel. Prendre un groupe et travailler avec lui pour une série de trois à cinq ans, puis de constater le progrès et l’amélioration des résultats avec le temps est très gratifiant. En 2010 ou 2011, nous nous sommes qualifiées pour le Championnat national à l’Université de l’Alberta et ce groupe en était un très spécial. Quand l’Université de Regina a accueilli ce tournoi en 2014 ou 2015, ce groupe s’est retrouvé en finale contre l’UBC, l’équipe classée au premier rang national avant le tournoi, et nous avons poussé le match jusqu’à la cinquième manche. La marque dans cette manche ultime était de 18-16 et nous nous sommes échangés l’avance. Nous les avions dans les câbles. La victoire aurait été tellement belle. C’était très serré. C’était un groupe très spécial et nous jouions dans notre propre gym. C’était spécial.

VC : Quel a été le plus gros obstacle que vous avez rencontré dans votre parcours d’entraîneure et comment l’avez-vous surmonté?

TH : Je pense qu’en tant qu’entraîneure féminine, c’est de poser sa candidature pour un poste et ne pas l’obtenir même si on est plus qualifiée et qu’on possède plus d’expérience. C’est ce qui m’est arrivé. Deux ou trois fois, j’ai passé des entrevues et je n’ai pas obtenu le poste. Chaque fois, cela me met en mode : « Quelle est la prochaine chose que je peux faire? ». L’année où j’ai commencé avec l’équipe nationale juvénile, il y avait un poste d’entraîneur en Saskatchewan pour lequel j’ai posé ma candidature, mais je ne l’ai pas eu. Comme réaction, j’ai postulé pour obtenir un poste au sein du programme de l’équipe nationale – et j’ai été choisie. Il y a beaucoup d’occasions, plusieurs portes et si l’une d’elles se ferme, ça ne veut pas dire que c’est la fin d’une carrière d’entraîneure si vous aimez le sport et si vous avez la passion – et je dois dire que je suis comme ça.

Plus d’occasions commencent à se présenter aux entraîneurs plus jeunes et je trouve ça génial. Je crois qu’un autre obstacle que j’essaie toujours de surmonter, mon ultime objectif, c’est d’être une entraîneure professionnelle à temps plein. Alors nous verrons.

VC : Avez-vous d’autres intérêts en dehors du volleyball et du rôle d’entraîneure et si oui, comment trouvez-vous l’équilibre entre cet intérêt et le volleyball?

TH : Je suis une fervente de plein air. Peu importe la saison, je suis très active. L’été, je fais beaucoup de randonnées, de vélo de montagne et je joue au golf. L’hiver, je fais du ski alpin – ce qui est hilarant parce que j’habite en Saskatchewan. Je vais de temps à autre dans les montagnes, j’adore les montagnes. Plusieurs choses que j’aime sont dans cette région. En Saskatchewan, c’est la raquette, le ski de fond et la pêche sur glace. Je suis aussi une patrouilleuse de ski certifiée. Je patrouille dans nos vallées locales dans les environs de Regina. Je fais aussi des classes extérieures à l’école où j’enseigne. Je fais vivre aux étudiants des expériences de voyages en canoë pendant de cinq jours dans le nord de la province. La plupart des gens pensent que je suis folle. Cependant, la dynamique de travail avec des groupes, le fait d’enseigner des habiletés et de voir les étudiants travailler pour améliorer leurs aptitudes et les mener à un niveau où ils peuvent se mesurer dans la nature, je crois qu’il y a beaucoup de parallèles à faire avec le rôle d’entraîneure et je pense que c’est pour ça que j’aime cet environnement.

VC : Qu’est-ce qui vous rend la plus fière de votre carrière d’entraîneure?

TH : J’enseigne au Campbell Collegiate de Regina et quand je me suis amenée ici, j’ai commencé avec l’équipe junior des filles et je suis ensuite passée à l’équipe senior des filles en 2017. Puis en 2018 et en 2019, le groupe avec lequel j’ai commencé au niveau junior a fini par remporter les provinciaux deux années de suite. Travailler avec ce groupe d’athlètes pendant trois ou quatre ans et les voir ensuite performer ensemble – et plusieurs jouent maintenant sur le circuit U SPORTS ou au niveau collégial et connaissent du succès –, je pense que c’est un fait saillant pour moi. Un autre fait saillant serait quand nous sommes allés à Tulsa avec l’équipe nationale junior en 2017, ce qui était très gros. Être de l’équipe d’entraîneurs aux Jeux du Canada à la maison en 2005, jouer contre l’Alberta et la battre en cinq en présence d’environ 2000 partisans dans les estrades. Il n’y avait aucun siège de libre. C’était très spécial. Puis en 2006, aller à Monterrey au Mexique avec Équipe Canada a été un fait saillant – il y en a eu plusieurs!

VC : Avez-vous vous des conseils pour de nouveaux entraîneurs? Peut-être quelque chose que vous auriez aimé avoir – conseil, soutien, éducation, etc. – quand vous avez fait vos débuts?

TH : C’est correct d’admettre qu’on n’a pas toutes les réponses. Je pense que comme jeune entraîneure, on pense parfois qu’on doit tout avoir compris, parce que je l’ai aussi fait. Comprendre que la concentration est sur les athlètes et leur processus et non pas sur les victoires, les défaites et votre égo. Je pense que de travailler avec un entraîneur ou une entraîneure plus expérimenté(e) comme mentor(e), il y a tellement à apprendre… Il y a un équilibre entre le dur labeur et le plaisir et créer des relations durables avec vos athlètes et vos entraîneurs. Diriger avec des gens que vous aimez avoir autour de vous. Vous y mettez plusieurs heures, alors si vous les passer avec des gens qui ne sont pas sur la même longueur d’onde, ça peut être plus difficile. Si vous voulez vous impliquer dans quelque chose qui vous enverra des défis chaque jour, alors le travail d’entraîneure est fait pour vous.

 

 

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Tania Harrison