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Une étoile montante du volleyball redonne espoir à la communauté sud-soudanaise en difficulté à Calgary

En vedette dans la communauté : Le premier d'une série d'articles mettant en lumière les communautés qui bénéficient de subventions du Programme de soutien au sport pour tous en volleyball. L'initiative Le sport communautaire pour tous, qui fait partie du Programme de soutien au sport, vise à éliminer les obstacles et à augmenter le taux de participation au sport des groupes sous-représentés.

Depuis le Centre national d'entraînement de Volleyball Canada à Vancouver, l'athlète NextGen Nyadholi Thokbuom prend le temps, entre ses deux séances d'entraînement quotidiennes, d’échanger par zoom avec la communauté sud-soudanaise de Calgary, où elle a grandi.

Nyadholi Thokbuom a l'intention de partager un message important avec les enfants du Soudan du Sud, leur expliquant qu'eux aussi peuvent atteindre de grands objectifs, que ce soit en volleyball ou dans d'autres domaines de la vie. 

« C'est une chose à laquelle je pense tous les jours parce que j'ai aussi des jours difficiles.  Je me demande ce que je fais ici. Je devrais avoir un emploi comme tout le monde. Puis je me rappelle que je fais ça pour moi, mais aussi pour les autres personnes qui ne croient pas que c'est possible, » explique Thokbuom.

Elle ajoute : « Quiconque me ressemble ou vient du même milieu que moi, comme mes parents qui ont immigré au Canada il y a près de 30 ans, je n'aurais jamais pensé pouvoir réaliser quelque chose d'aussi important. »

Thokbuom espérait être à Calgary pour parler aux enfants en tant qu'une des responsables du programme estival du Youth Employment and Skills Centre (YES) de Calgary, et aider à introduire les enfants au volleyball dans le cadre de cette initiative. Toutefois, elle a dû changer ses plans quand l'équipe canadienne lui a demandé de se rendre à Vancouver pour s'entraîner avec la formation pour une quatrième année consécutive.

Le Youth Employment and Skills Centre (YES) de Calgary est l'une des 30 organisations communautaires du pays qui ont récemment obtenu une subvention de Volleyball Canada pour acheter du matériel de volleyball, notamment des ballons et des filets afin d’offrir des services d'entraînement tout au long de l'été. Volleyball Canada a reçu un total de 425 000 $ de Sport Canada. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'initiative Le sport communautaire pour tous de Sport Canada, qui vise à offrir des opportunités sportives aux groupes méritants sur le plan de l'équité.

YES a été fondée par Gar Gar, qui est arrivé au Canada en tant que réfugié du Soudan du Sud alors qu'il était adolescent. YES se concentre sur les jeunes immigrés et vulnérables d'un point de vue racial, en particulier les jeunes du Soudan du Sud, qui, selon l'organisation, risquent davantage de rejoindre des gangs ou d'être exposés à la criminalité.

Ce programme (de volleyball) s'inscrit dans le cadre de nos efforts visant à libérer le potentiel de nos jeunes et constitue aussi un tremplin pour construire une communauté qui prospère plutôt que de se contenter de survivre

Gar Gar

Gar explique qu'au fil des ans, la communauté a dû faire face à de nombreuses questions sociales complexes.  Il a vu de nombreuses personnes lutter pour s'intégrer et trouver leur place, ce qui a entraîné des conséquences tragiques.

« J'ai assisté à beaucoup trop d'enterrements plutôt qu'à des moments heureux.  Nous les appelons les enfants de la neige parce que ces funérailles ont souvent lieu pendant les mois d'hiver. Dans ma génération, je connais beaucoup de gens qui sont soit en prison, soit six pieds sous terre, soit confrontés à des problèmes de santé mentale ou qui se retrouvent sans abri.  C'est l'une des principales raisons pour lesquelles nous nous sommes dit qu'il fallait faire quelque chose, » explique Gar.

Il ajoute que la pandémie de COVID a encore aggravé la situation, la communauté étant confrontée à un isolement encore plus grand et à des problèmes de santé mentale. Selon lui, l'ancienne génération qui a fui la guerre et la violence ne comprend pas les problèmes de santé mentale et n'en parle souvent pas, même si certains jeunes sont confrontés à des brimades et au racisme.

« L'une de nos plus grandes inquiétudes concerne l'après-COVID. C'est comme une marmite bouillonnante sur le feu.  Dès que nous ouvrons le couvercle, vous pouvez voir qu'il est presque en ébullition. C'est la réalité à laquelle nous sommes confrontés en ce moment, rien qu'à Calgary.  Nous voyons le nombre de Sud-Soudanais sans abri augmenter. »

YES propose ces cours de volleyball gratuits les vendredis et samedis soirs tout au long de l'été, en plus des programmes de basketball et de football déjà mis en place. Selon M. Gar, le sport est un langage universel, mais les barrières financières empêchent parfois la communauté d'y avoir accès.

Ils prévoient d'enseigner aux enfants les techniques du volleyball ainsi que des leçons sur la discipline, le travail acharné et le travail d'équipe. Ce programme vient s'ajouter à d'autres activités importantes proposées par YES, notamment l'aide à la recherche d'emploi et l'amélioration des connaissances informatiques des jeunes. 

Pamella Kinyua est l'entraîneur principal du programme de volleyball et a pratiqué ce sport en compétition quand elle était adolescente. La famille de Pamella Kinyua est originaire du Soudan du Sud et elle dit avoir constaté à quel point il est facile pour les jeunes de s'engager dans la mauvaise voie.

« Beaucoup de jeunes qui ne participent pas à des programmes parascolaires ou à des activités sportives n'ont pas de porte d'entrée, pas d'issue, pas d'endroit où ils peuvent aller et où ils se sentent à leur place. Parfois, malheureusement, ces gangs ou ces mauvaises influences sont les groupes qui les acceptent.

En cette chaude nuit de juin, les jeunes de la communauté s'entraînent à tour de rôle à servir, à frapper et à passer sur les terrains de volleyball de plage du parc Valleyview, dans le sud-est de Calgary. Entre les séances, les enfants se reposent dans le sable et, à la fin des activités, les participants et les bénévoles se régalent de pizzas.

Selon M. Kinyua, le fait que les jeunes participent à ce programme et aient le sentiment de faire partie d'une communauté fera une grande différence.

« Je pense que ce programme est essentiel pour apporter de l'espoir à notre communauté et lui montrer qu'il existe une autre voie.  En faisant participer les enfants et en mettant à leur disposition un centre communautaire, qu'ils aient besoin d'un repas, d'une orientation, de conseils, de sports qui les occupent ou simplement d'amitié, ils trouveront tout cela ici.  Grâce à ce programme, nous pouvons les éloigner des environnements négatifs et leur offrir un lieu où ils se sentent en sécurité, où ils peuvent être eux-mêmes et où ils ont un sentiment d'appartenance. »

Kinyua explique qu'ils prévoient essayer d'inclure autant de parents que possible dans les activités pour construire un plus grand sentiment de communauté autour des jeunes et un endroit où ils peuvent célébrer la culture du Soudan du Sud.

Par exemple, quand ils se rassembleront sur le terrain à l'extérieur du centre communautaire pour jouer au volleyball, ils feront retentir les sons palpitants d'une musique unique du Soudan du Sud où les participants sautent traditionnellement haut comme au volleyball.  Cela fait partie des danses Dinka Bor, Lake State et Didinka de leur pays d'origine.  Ils espèrent faire danser les parents pendant que les enfants jouent au volleyball et que tout le monde s'amuse à bouger.

En plus des activités sportives, Gar explique qu'il est important de faire venir des personnalités influentes comme Thokbuom en tant qu'orateurs invités pour inspirer les enfants. L'objectif ultime de Thokbuom est de représenter le Canada aux Jeux olympiques, que ce soit à Paris en 2024 ou à Los Angeles en 2028.  M. Gar estime qu'il est important que ces jeunes voient qu'ils peuvent réaliser leurs propres rêves.

« Elle est le meilleur exemple d'une joueuse sud-soudanaise extraordinaire qui joue aujourd'hui en tant que professionnelle. Quand les enfants la voient, ils voient un modèle. Ils se disent qu’ils peuvent le faire aussi. »

Il ajoute : « Quand ils (les jeunes) sautent, ils échouent parfois. C'est la peur. Ce qui compte, ce n'est pas la hauteur à laquelle vous sautez pour frapper le ballon, mais ce qui se passe quand vous tombez. Le fait que quelqu'un qu'ils admirent leur montre cela et leur dise qu'il leur ait arrivé de tomber. Je ne les considère pas comme des échecs, mais comme des épreuves. »

De retour à Vancouver, Thokbuom dit qu'elle veut faire savoir aux enfants de sa communauté comment elle a fait ses débuts dans le volleyball.  Elle a commencé plus tard que la plupart des autres, n'arrivait pas à frapper le ballon ou à sauter très bien au début.  Cependant, elle n'a jamais abandonné.

« Je fais vraiment cela pour la représentation, parce que je sais que le sport n'est pas quelque chose que beaucoup de jeunes filles du Soudan du Sud envisagent à un niveau vraiment élevé.   J'ai trouvé du réconfort dans le fait de savoir qu'elles m'observent, en espérant qu'elles se sentent concernées et qu'elles se disent : Oh, je peux le faire aussi. Le volleyball a changé ma vie. J'espère donc pouvoir aider certaines d'entre elles à la changer aussi. »

L’entraîneuse Kinyua espère que le programme ouvrira l'esprit de la communauté d'une nouvelle manière.

« Nous ne voyons pas beaucoup de personnes de notre communauté représentées aux Jeux olympiques. J'ai donc l'impression que le fait de nous voir réussir là-bas signifierait beaucoup pour eux.  Je pense que cela peut aussi montrer que nous pouvons réussir dans cette société.  Il y a de l'espoir pour nos enfants. »

Elle ajoute : « Beaucoup de nos parents sont venus ici en fuyant la guerre et en tant que réfugiés.  Leur état d'esprit est de repartir à zéro et de subvenir aux besoins de leurs enfants.  Les activités extrascolaires, ou le fait de participer aux Jeux olympiques, c'est la dernière chose à laquelle ils pensent. »

Le sport est peut-être la dernière chose à laquelle pense la communauté, mais Gar pense déjà à l'année prochaine et à trouver suffisamment de dons pour avoir les ressources nécessaires à la poursuite du programme.

« L'une de nos plus grandes craintes est que quand vous créez soudainement de l'espoir et quelque chose de meilleur, parfois il n'y a pas assez de ressources pour continuer. »

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