22 juil. Général
Voix du volleyball : Shaniya Vance
Dans le cadre des démarches visant la vérité et la réconciliation, Volleyball Canada est à la recherche de membres des peuples autochtones au sein de la communauté de volleyball pour qu’ils/elles puissent nous raconter leurs histoires. Nous espérons sensibiliser la communauté du volleyball dans son ensemble aux cultures autochtones dont sont issus les athlètes de volleyball ainsi qu’au passé vécu par leurs peuples, en reconnaissant les entraves et les défis que les peuples autochtones ont affrontés et continuent d’affronter à l’heure actuelle. Au bout du compte, nous espérons mettre en valeur les mesures concrètes que nous pouvons tous prendre pour nous assurer que le volleyball soit un sport inclusif et agréable pour tout le monde.
Pour bien des gens, une passion, ce n’est pas quelque chose qu’on recherche, mais plutôt quelque chose qu’on découvre par hasard.
Dans le cas de Shaniya Vance de la Première Nation de Potlotek d’Unama’ki, c’est arrivé quand elle est passée par le gymnase de l’école et qu’on lui a demandé de jouer au volleyball. Tout a alors changé.
Née à Sydney, en Nouvelle-Écosse, lieu où elle a aussi grandi, Shaniya a cheminé dans le monde du volleyball jusque dans les rangs universitaires, où elle a joué pour les Tommies de l’Université St. Thomas en 2015-2016. En cours de route, elle a participé aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (JAAN) de 2014, ce qui demeure à ce jour un des faits saillants de sa carrière au volleyball.
Vance ne joue plus, mais continue de passer beaucoup de temps aux abords du terrain, elle qui est entraîneure de l’équipe féminine d’école secondaire de l’Académie de Sydney et d’une équipe de moins de 16 ans de club au Cap-Breton. Elle a récemment été invitée à participer au Programme d’apprentis entraîneurs autochtones pour les Jeux du Canada, une initiative de l’Association canadienne des entraîneurs, si bien qu’elle participera aux Jeux du Canada 2022 à titre d’entraîneure adjointe pour l’équipe de la Nouvelle-Écosse.
En dehors du terrain, Shaniya travaille comme agente de l’intégrité pour Emploi et Développement social Canada, un ministère du gouvernement du Canada qui cherche à améliorer le niveau et la qualité de vie de tous les Canadiens.
Volleyball Canada a récemment eu l’occasion de s’entretenir avec Shaniya afin de lui parler de l’attachement qu’elle a pour son sport et des gestes qui peuvent être posés pour faire du volleyball un sport plus inclusif.
Volleyball Canada : Comment as-tu découvert le volleyball?
Shaniya Vance : Pour être bien honnête, je passais par le gymnase après l’école au moment où il y avait un entraînement de volleyball. Les joueuses étaient de petite taille et elles m’ont demandé si je voulais jouer avec elles. J’avais déjà de bonnes qualités athlétiques, alors j’ai dit oui et j’ai décidé de me joindre à elles. Je n’avais jamais touché à un ballon de volleyball avant alors ç’a été une entrée en matière plutôt intéressante, mais ça s’est avéré être une des meilleures décisions que j’aie prises dans le cadre de ma carrière sportive.
VC : Qu’est-ce qui t’a aidée à garder des liens avec le volleyball et crois-tu que ces liens vont durer pour la vie?
S. V. : J’ai eu des entraîneurs qui ont exercé une forte influence sur moi et des coéquipières qui m’ont beaucoup soutenue, ce qui a nourri mon désir de continuer à jouer au volleyball jusqu’à la fin de l’école secondaire et après. J’ai eu des entraîneurs qui motivaient les athlètes à atteindre leur potentiel, mais sans nous surmener, ce qui a fait en sorte que j’ai vécu une expérience positive dans le sport. C’est pourquoi je crois que je vais avoir un lien étroit avec mon sport toute ma vie – voilà maintenant sept ans que je suis entraîneure et mon approche à ce titre s’inspire en bonne partie des modèles positifs que j’ai eus durant ma jeunesse.
VC : Quel a été ton moment favori au volleyball en milieu autochtone?
S. V. : Le fait d’avoir pu participer aux JAAN en 2014 comme athlète. D’avoir pu pratiquer le sport que j’adore, avec des gens qui avaient les mêmes origines culturelles que moi, c’était formidable. Le fait d’avoir ce genre de compétition qui permet non seulement aux athlètes de disputer un tournoi à l’échelle nord-américaine, mais aussi de participer à un événement qui porte autant attention à la culture des gens, c’était quelque chose que je n’oublierai jamais.
VC : Avais-tu un(e) athlète autochtone favori(te) quand tu étais plus jeune?
S. V. : Honnêtement, je n’en avais pas, et je ne connaissais pas d’athlètes autochtones qui jouaient au volleyball en dehors de ma province.
VC : Quel conseil aurais-tu pour les jeunes athlètes autochtones qui veulent jouer au volleyball après l’école secondaire?
S. V. : Je leur suggérerais de s’impliquer le plus possible dans ce sport. Que ce soit en participant aux périodes de volleyball communautaire au gymnase, à l’école et/ou avec des équipes de club ou dans le cadre de camps; passer le plus de temps possible à pratiquer ce sport risque de faire une différence importante. Non seulement allez-vous tisser des liens avec des gens que vous n’auriez pas croisés autrement, mais vous allez aussi apprendre à connaître ce sport d’angles différents.
Aussi, travailler fort est essentiel – pas seulement sur le terrain, mais aussi en classe. Ne craignez pas de poser des questions et de profiter de toutes les mesures de soutien qui sont offertes pour votre éducation.
VC : Qui sont les personnes qui t’ont le plus soutenue quand tu étais plus jeune?
S. V. : Sans aucun doute ma mère. Elle a travaillé dur pour que je puisse profiter des occasions qu’elle n’avait pas eues plus jeune. Elle s’est assurée que j’aie l’occasion d’essayer tous les sports qui m’intéressaient et que je réussisse mes études.
VC : Qu’est-ce que la communauté du volleyball signifie pour vous?
S. V. : La communauté du volleyball, c’est ma deuxième famille. C’est une communauté qui ressent une passion pour le même sport que moi, alors tout le monde souhaite que tout le monde ait du succès. Qu’il s’agisse des athlètes, des entraîneurs ou des arbitres, ce sont des gens qui se réjouissent des succès des autres.
VC : Penses-tu qu’il y a lieu de discuter de réconciliation dans le cadre de la pratique du volleyball?
S. V. : Oui, pas seulement au volleyball, mais dans tous les sports. Quand j’étais jeune, je ne connaissais pas beaucoup d’athlètes autochtones en dehors de ma communauté, jusqu’à ce que je participe aux JAAN. Dans ce milieu-là, tu réalises à quel point le sport a eu une incidence sur notre enfance et a permis de développer des compétences essentielles pour la vie.
Dans mon organisation de sport communautaire, nous voyons de plus en plus d’athlètes autochtones qui s’impliquent, et tout ça vient avec du soutien provenant de leurs communautés. Je vois de grandes amitiés se développer et des histoires être racontées sur la culture des uns et des autres. Sans le volleyball, peut-être que ces athlètes n’auraient jamais vécu ça.
VC : Volleyball Canada prend des mesures pour favoriser la réconciliation. As-tu des conseils pour les athlètes et les entraîneurs qui ne font que commencer à découvrir le mouvement de vérité et de réconciliation?
S. V. : Je pense qu’être au courant de ce que veulent dire vérité et réconciliation représente la première étape. Quelqu’un peut voir le concept de « vérité et réconciliation » et trouver que c’est intimidant ou que ça représente quelque chose de trop gros pour qu’une seule personne puisse faire une différence. Toutefois quand il y a une prise de conscience, une personne peut réfléchir aux façons qu’elle peut l’appliquer dans différents aspects de sa vie.
Quant aux ressources portant sur des sujets en lien avec la culture autochtone, comme celle-ci, c’est important de reconnaître que la meilleure information ayant trait à la culture autochtone provient d’une source autochtone.
VC : Qu’est-ce que les organisations sportives à l’échelle provinciale/nationale, les clubs ou les équipes peuvent faire pour aider les peuples autochtones à vivre des expériences positives dans le cadre du volleyball?
S. V. : Pour permettre aux peuples autochtones de vivre des expériences positives, les organisations sportives devraient tisser des liens avec les communautés autochtones pour voir comment c’est possible de le faire. Par exemple, ce que ça prendrait pour soutenir des athlètes autochtones au sein de leur organisation, la meilleure façon de collaborer pour organiser des camps et/ou discuter des différentes entraves auxquelles les jeunes autochtones sont confrontés dans le cadre de la pratique de leur sport.
Par respect pour les personnes interviewées et ce qu’elles ont vécu, Volleyball Canada a demandé à Holly Rae Yuzicapi de la Première Nation Dakota de Standing Buffalo, dans le sud de la Saskatchewan, de mener ces entrevues. Holly a elle-même des liens étroits avec le volleyball et elle est instructrice en arts culturels, en aliments traditionnels et en jeux traditionnels, elle qui anime des ateliers pour tous les groupes d’âge partout au Canada et aux États-Unis.