26 Oct Général
Les voix du volleyball : Alwyn Piche
Dans le cadre des démarches visant la vérité et la réconciliation, Volleyball Canada est à la recherche de membres des peuples autochtones au sein de la communauté de volleyball pour qu’ils/elles puissent nous raconter leurs histoires. Nous espérons sensibiliser la communauté du volleyball dans son ensemble aux cultures autochtones dont sont issus les athlètes de volleyball ainsi qu’au passé vécu par leurs peuples, en reconnaissant les entraves et les défis que les peuples autochtones ont affrontés et continuent d’affronter à l’heure actuelle. Au bout du compte, nous espérons mettre en valeur les mesures concrètes que nous pouvons tous prendre pour nous assurer que le volleyball soit un sport inclusif et agréable pour tout le monde.
Ce n’est pas un mince exploit d’obtenir le statut de « légende », mais c’est exactement ce qu’Alwyn Piche a réussi à faire quand il a évolué pour les Huskies du Collège Keyano. Piche a été nommé deux fois Joueur de l’année de l’Association canadienne du sport collégial (ACSC) et deux fois au sein de l’équipe d’étoiles canadiennes de l’ACSC (soit en 2009 et 2013), en plus d’avoir été choisi au sein de l’équipe d’étoiles du Tournoi national de l’ACSC en 2009 et de l’équipe d’étoiles de l’Association du sport collégial de l’Alberta (ACAC) au terme de chacune de ses saisons. Il a été deux fois nommé Joueur de volleyball masculin de l’année dans l’ACAC (2009 et 2013) et a aidé le programme de son établissement à décrocher la médaille de bronze en 2013. Sans oublier qu’il a réécrit les livres des records de son école et de l’ACAC.
Il a aussi disputé une saison avec l’Université de la Saskatchewan en 2009-2010, en plus de faire partie d’Équipe Canada au Championnat du monde U19 de la FIVB en 2005 en Algérie.
Issu de la Nation des Dénés de la rivière Clearwater du village de LaLoche, dans le nord de la Saskatchewan, Alwyn a été intronisé au Temple de la renommée de l’ACAC et au Temple de la renommée des sports de Wood Buffalo.
Quand son parcours de joueur dans les rangs universitaires a pris fin, Alwyn a dû choisir – aller jouer dans les rangs professionnels outre-mer ou compléter son diplôme et devenir un enseignant. Étant père de famille, il a choisi de rester et de terminer ses études, si bien qu’il est devenu professeur d’éducation physique. Il a toutefois conservé ses liens avec le volleyball à titre d’entraîneur et en animant des cliniques.
Volleyball Canada a récemment eu l’occasion de s’entretenir avec Alwyn afin de discuter des rapports qu’il entretient avec le volleyball, des défis qu’il a dû affronter et des mesures qui peuvent être prises pour faire du volleyball un sport plus inclusif à l’avenir.
Volleyball Canada : Comment avez-vous découvert le volleyball?
Alwyn Piche : J’ai découvert le volleyball en regardant jouer l’équipe de club de mon père à LaLoche quand j’étais en première ou en deuxième année. Ils me faisaient participer à certains exercices s’ils avaient besoin de quelqu’un de plus.
VC : Comment êtes-vous arrivé à garder vos liens avec le volleyball et croyez-vous qu’il s’agisse de liens pour la vie?
A. P. : Je travaille beaucoup comme entraîneur à l’école, à diriger des joueurs des catégories pee-wee, junior et senior. J’anime aussi des cliniques de volleyball un peu partout dans les communautés du nord. Je dirais que la passion que j’ai pour le volleyball me restera toute la vie.
VC : Quelle est la plus belle expérience que vous avez vécue dans un cadre de volleyball autochtone?
A. P. : Malheureusement, je n’ai jamais eu la chance de disputer des compétitions de volleyball autochtone parce que les matchs de l’équipe provinciale avaient toujours lieu en même temps que les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord ou les Jeux d’hiver de la Saskatchewan. Mais j’ai eu l’occasion d’être l’entraîneur de garçons U18 à Lloydminster en 2016, ce qui a représenté une expérience formidable, d’autant plus que nous avons gagné cette année-là. Une très belle expérience !
VC : Quelle expérience vécue en lien avec le fait d’être un joueur de volleyball autochtone aimeriez-vous partager avec les personnes qui ne sont pas autochtones ?
A. P. : Ce que j’ai vécu a été difficile, surtout le fait de vivre dans le nord. Se déplacer pour l’aller-retour aux entraînements, aux essais et aux tournois était difficile et dispendieux parce qu’il fallait passer au moins 12 heures en voiture la fin de semaine. Toutefois, si on nous en donnait la chance, nous allions en tirer profit.
VC : Aviez-vous un joueur autochtone favori quand vous étiez jeune?
A. P. : Mon athlète autochtone préféré serait Jim Thorpe.
VC : Quel conseil donneriez-vous aux jeunes athlètes autochtones qui veulent jouer au volleyball après l’école secondaire?
A. P. : Ce que je conseille aux jeunes athlètes, ce serait de continuer à pousser, de continuer à batailler pour se faire une place.
VC : Qui sont les personnes qui vous ont offert le plus de soutien plus jeune?
A. P. : Mes plus grands supporters étaient (et ils le sont encore) mes parents, ma famille ainsi que ma communauté à LaLoche et de la Nation des Dénés de la rivière Clearwater.
VC : Quelle signification a la communauté du volleyball pour vous?
A. P. : La communauté du volleyball a beaucoup d’importance pour moi parce que le volleyball a eu une incidence énorme sur la personne que je suis devenue aujourd’hui. Ça m’a donné l’occasion d’explorer le monde et je me suis aussi fait des amis proches grâce au volleyball.
VC : Croyez-vous qu’il y ait lieu d’avoir des discussions sur la réconciliation dans le cadre des activités de volleyball?
A. P. : Absolument! Je crois que la réconciliation a sa place au volleyball parce que le volleyball rassemble les gens. Ce qui mène à des amitiés qui durent toute la vie.
VC : Volleyball Canada a posé des gestes pour favoriser la réconciliation. Avez-vous des conseils pour les athlètes et les entraîneurs qui ne sont pas familiers avec les concepts de vérité et de réconciliation?
A. P. : Ce que je dis aux gens, c’est que chaque personne ou athlète autochtone représente une histoire à raconter, et le sport peut aider à raconter cette histoire.
VC : Qu’est-ce que les organismes nationaux/provinciaux de sport, les clubs ou les équipes peuvent faire pour favoriser les expériences positives au volleyball pour les personnes autochtones?
A. P. : En ce qui me concerne et en raison des expériences que j’ai vécues, je dirais le financement parce qu’étant originaire du nord, je sais que ça coûtait très cher pour participer aux essais, aux entraînements et aux tournois. Sans le soutien qu’on m’avait alors donné, je n’aurais pas pu pratiquer le sport que j’adore, le volleyball. Malheureusement, pas beaucoup de gens du nord obtiennent de telles occasions.
Par respect pour les personnes interviewées et ce qu’elles ont vécu, Volleyball Canada a demandé à Holly Rae Yuzicapi de la Première Nation Dakota de Standing Buffalo, dans le sud de la Saskatchewan, de mener ces entrevues. Holly a elle-même des liens étroits avec le volleyball et elle est instructrice en arts culturels, en aliments traditionnels et en jeux traditionnels, elle qui anime des ateliers pour tous les groupes d’âge partout au Canada et aux États-Unis.