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Profile d’entraîneur: Shannon Winzer

« Je ne désire pas connaître la raison pour laquelle nous ne pouvons pas le faire, mais seulement la façon par laquelle nous allons y arriver!»

Après avoir joué et entraîné à l'étranger, Shannon Winzer est rentrée au Canada, apportant une quantité importante d'expérience et de connaissances avec elle.

Winzer est actuellement l’entraîneur du groupe d’athlètes de la prochaine génération (NextGen) et entraîneure adjointe de l’équipe senior féminine. Originaire de la Colombie-Britannique, elle a joué pour l’Université de la Colombie-Britannique avant d’évoluer dans les rangs professionnels en Europe, pour ensuite poursuivre son parcours dans la Ligue australienne de volleyball féminin, où elle a été capitaine des Blues de l’Université de Melbourne. Elle a aussi joué deux ans au sein de l'équipe nationale de l’Australie, soit en 2008 et 2009.

Elle a ensuite fait la transition vers le rôle d’entraîneur en Australie, dirigeant les équipes nationales féminines australiennes ainsi que le Centre d’excellence de volleyball de l’Australie. Pendant son séjour là-bas, elle a aussi été entraîneure adjointe de l’équipe nationale et entraîneure de l’équipe féminine U23, en plus de diriger l’équipe de l’Université de Melbourne et plusieurs formations et clubs élites. En 2016-2017, elle a été honorée en tant qu'entraîneure nationale de l'année par Volleyball Australia.

Volleyball Canada a récemment eu l'occasion de s’entretenir avec Winzer sur sa carrière d'entraîneure et de quelques réflexions générales sur le rôle d’entraîneur dans le sport.

Volleyball Canada : Comment avez-vous fait la transition vers le rôle d’entraîneure? Est-ce que c’est une idée à laquelle vous aviez toujours pensé?

Shannon Winzer : Je savais que je deviendrais entraîneure à un certain point et j’entraînais un peu le club pendant que je jouais encore, mais je n'avais pas sérieusement envisagé de le faire à plein temps en tant que profession. C’était un ami proche qui était le gestionnaire de l’équipe nationale féminine australienne à l’époque qui m’a poussé vers les eaux profondes de l’entraînement dans la ligue nationale australienne (AVL) tout de suite après avoir joué. Avec un peu de recul, je me rends compte que j'ai entraîné uniquement sur des bases acquises de mes propres expériences en tant qu'athlète et que je n'avais aucune conscience de ma propre personne, mais j'ai su avoir du succès rapidement en tant qu'entraîneur en prenant les Blues de l'Université de Melbourne des bas-fonds du classement de l’AVL pour remporter quatre titres nationaux consécutifs. Ma carrière s'est développée à partir de là, et une fois que j'ai rejoint l'Institut australien du sport, j'en ai appris davantage sur ce que signifiait de travailler dans le sport de haute performance.

VC : Qui vous a soutenu dans le cheminement? Avez-vous des mentors?

SW : J'ai toujours travaillé avec des mentors et ils ont joué un grand rôle dans mon cheminement d’entraîneure. Au fur et à mesure que je grandissais dans cette responsabilité, le rôle de mes mentors a définitivement évolué. En Australie, j'ai travaillé en étroite collaboration avec Russ Borgeaud, l'ancien entraîneur de l'équipe nationale masculine australienne et Dan Ilott, ancien entraîneur du centre d'excellence australien et entraîneur adjoint de l'équipe nationale, ainsi que Sue Jenkins qui a été impliquée dans le volleyball féminin en Australie depuis longtemps temps et a travaillé spécifiquement dans le développement des entraîneurs à l'Institut australien du sport. Tous les trois ont eu une influence sur mon développement, ils ont fourni des commentaires et ont remis en question ma réflexion en me poussant constamment hors de ma zone de confort… mais le plus important, ils ont été là pour moi et m'ont soutenu dans les erreurs et m'ont aidé à apprendre d'elles. Ce sont les premières personnes avec lesquelles je me suis assis pour évaluer la possibilité de devenir entraîneur avec Équipe Canada.

Au Canada, je travaille évidemment en étroite collaboration avec Tom (Black), que je considère comme un mentor. C'est un entraîneur technique phénoménal et l'avoir dans les parages pour avoir son opinion et poser des questions ne fera que me rendre meilleure. J’ai aussi eu le privilège que l’Association canadienne des entraîneurs m’associe à Allison McNeill en tant que mentor. Allison a été l’entraîneure de l’équipe canadienne féminine de basketball féminin de 2002 à 2012 et a bâti le programme qui a qualifié l’équipe pour Londres 2012. Elle a été une fontaine de connaissances et de perspicacité alors que nous cherchons à forger une voie similaire pour le volleyball féminin au Canada!

VC: Quel a été le plus gros obstacle pour vous dans votre carrière d'entraîneure et comment l'avez-vous surmonté?

SW : Avoir trois jeunes enfants et diriger une équipe de volleyball sur la scène internationale! Je mentirais si je disais que ce n’était pas le plus gros obstacle. Au début, c'était vraiment difficile, notre plus jeune avait un an quand j'ai accepté le rôle d'entraîneur-chef de l'Australie. Au début, je voulais désespérément être considéré comme un égal parmi mes pairs, quelqu'un qui n'avait pas besoin de soutien ou de considération particulière. En conséquence, je pense que j'ai trop sacrifié dans ma vie de famille. Le soutien n’était tout simplement pas en place pour que je puisse équilibrer tout cela et cela n’aurait pas été durable. Pour y arriver, je devais exprimer mes besoins et quand cela ne fonctionnait pas, je devais prendre des mesures pour développer mon propre système de soutien en construisant un village autour de ma famille. J'ai aussi dû apprendre à accepter ce que je ne peux pas contrôler. Ma «vie d’entraîneur» est différente pour beaucoup et notre vie de famille fonctionne probablement différemment de beaucoup d’autres ménages qui travaillent, mais c’est notre vie normale.

VC : Allez entraîner en Australie, puis prendre le poste avec l’équipe canadienne féminine, est-ce que la décision et la transition ont été difficiles?

SW : Tout était difficile. Il me restait deux ans sur mon contrat avec l'équipe nationale australienne et les progrès que nous avions réalisés au cours des trois dernières années étaient emballants, mais je sentais que j'avais besoin d'un nouveau défi pour continuer à grandir en tant qu'entraîneure et l'objectif d'aider à qualifier une équipe aux Olympiques pourrait devenir une réalité avec Équipe Canada. C'était la bonne décision pour moi professionnellement et c'était une occasion pour laquelle je suis tellement reconnaissante que ma famille ait accepté de m’y joindre. Déplacer mon mari et mes trois enfants à travers le monde pour suivre des rêves a été une transition difficile pour tout le monde pour toutes les raisons auxquelles nous nous attendions, puis toutes celles auxquelles nous n'avions aucune idée de ce à quoi nous pouvions nous attendre.

VC : Travailler en Australie avec l’équipe nationale, l’Université de Melbourne, etc. Comment cela vous a-t-il aidé à vous préparer au rôle que vous occupez actuellement?

SW : Mon séjour en Australie m'a vraiment appris sur la culture et l'importance de mettre celle-ci avant toute autre chose, puis de construire quelque chose dont d'autres voulaient faire partie … pas seulement des athlètes et des entraîneurs. J'ai aussi appris à me concentrer sur les solutions. Je ne désire pas connaître la raison pour laquelle nous ne pouvons pas le faire, mais seulement la façon par laquelle nous allons y arriver!

VC : Que pensez-vous de la situation actuelle de l’équipe nationale féminine canadienne et de la suite pour l’équipe?

SW : Je suis emballée par l’équipe nationale féminine et le volleyball féminin dans son ensemble au Canada. En 2021, nous verrons notre équipe nationale féminine jouer dans la Ligue des nations de volleyball (LNV) pour la première fois, ce qui est énorme, car nous pourrons nous mettre au défi semaine après semaine contre les meilleures équipes du monde. Nous travaillons aussi avec plus d'athlètes que jamais au niveau senior avec la mise en place du programme NextGen (équipe senior B) et sommes en mesure de fournir une exposition internationale à nos athlètes ciblées plus tôt dans leur carrière. Nous avons un long chemin à parcourir, mais nous visons fermement la qualification olympique en 2024.

VC : Avez-vous des intérêts particuliers en dehors du volleyball et de l'entraînement et si oui, comment trouvez-vous l'équilibre entre cet intérêt et le volleyball?

SW : Est-ce ennuyeux de dire que je n’ai pas le temps pour d’autres intérêts? Je vais y travailler!

VC : De quoi êtes-vous le plus fière dans votre carrière d'entraîneure?

SW : C’est une si grande question! Je pense que ce dont je suis le plus fier, ce ne sont pas les victoires ou les distinctions personnelles ... c’est avoir une influence positive sur le développement d’une athlète et de faire équipe avec elle d’une manière qui permet un haut niveau de confiance et d’honnêteté. Je suis aussi fière de jouer un petit rôle en montrant aux autres femmes, en particulier celles qui arrivent en tant qu’athlètes, qu’on n’a pas à choisir entre avoir une famille ou le sport de haut niveau, ce n’est pas l’un ou l’autre. Je veux faire partie du changement de mentalité chez les entraîneurs.

VC : Quel est votre objectif ultime comme entraîneure?

SW : Diriger le Canada aux Jeux olympiques et voir nos athlètes monter sur le podium et entendre notre hymne national.

VC : Avez-vous des conseils pour les nouveaux entraîneurs?

SW : Allez au gymnase avec d'autres entraîneurs - regardez, écoutez et posez des questions. Remettez en question votre propre façon de penser et de faire les choses parce que vous n'êtes jamais «arrivée» en tant qu’entraîneure, nous devons toujours apprendre et grandir, rester ouverts à cela. Aussi, trouvez un mentor pertinent par rapport à l'endroit où vous entraînez et à l'endroit où vous aspirez à le faire.

VC : Qu'aimeriez-vous avoir reçu - conseils, soutien, éducation, etc. – quand vous avez commencé?

SW : J'aurais aimé que quelqu'un m'assoie tôt et me dise que c'est normal de ne pas avoir toutes les réponses maintenant. Que je trouverais la liberté de travailler à ma manière dès que j'accepterais cela. Aussi , le fait de m'entourer de bonnes personnes qui ont de bonnes intentions sera une partie importante de mon parcours d'entraîneure.